5 raisons d’envisager une stratégie multicloud

Tribune de Mike Bushong, VP Enterprise and Cloud, Juniper Networks

Après plus de dix ans d’attente, le cloud est sur le point de tenir ses promesses en permettant aux entreprises de révolutionner la distribution de leurs produits et services. Le cloud public étant de plus en plus souvent délaissé, il semblerait que l’avenir appartienne désormais au multicloud. Cependant, malgré cette soudaine popularité, certains peinent encore à appréhender tous ses principes. Focus sur les cinq principales raisons d’envisager une stratégie multicloud :

1. Clouds différents = capacités différentes

Contrairement à ce que laissent penser les professionnels du secteur, il existe bien des différences entre les clouds publics sur le marché. Avec des offres vieillissantes, les principaux fournisseurs de cloud public devront trouver le moyen de se renouveler. Amazon a surtout bâti son offre autour du concept de commodité. Grâce à des options de tarification flexibles et à un marché en pleine expansion, l’entreprise entend s’imposer comme LA solution de cloud professionnel. De son côté, Microsoft semble croire que le monde tourne autour des applications et assure un contrôle sur les applications professionnelles les plus répandues, comme Microsoft Office et Active Directory. Oracle a apparemment une vision similaire, mais s’appuie sur sa domination dans l’ERP. Enfin, Google a clairement misé sur le machine learning pour faciliter les activités orientées données, en jouant sur la compétitivité de ses unités de traitement de tenseur (TPU, Tensor Processing Units).

Ce qu’il faut retenir, c’est que chaque cloud permet de faire des choses différentes et qu’un seul cloud ne peut répondre à lui seul à tous les besoins.

2. La dépendance à un seul fournisseur n’est jamais une bonne idée

Au cœur de toute ambition cloud, il doit y avoir une stratégie, et pas uniquement un raisonnement prix.

Le concept de gravité des données est important. Où que les données soient localisées, les applications qui en découlent se trouvent généralement au même endroit. D’autant plus que, si ces applications ont besoin de données supplémentaires, celles-ci sont naturellement attirées vers les mêmes ressources, entraînant le rapprochement de toutes les applications qui utilisent ces données. En fin de compte, si tout le traitement s’effectue dans un seul pool de ressources, il devient extrêmement difficile de déplacer quoi que ce soit.

Comme la plupart des entreprises se lancent dans la migration cloud sans réelle stratégie de données, elles finissent involontairement avec une solution dépendant d’un seul fournisseur. Et s’il faut retenir une chose dans l’histoire de l’informatique, c’est que la dépendance à un fournisseur peut coûter très cher !

Même sans déployer activement des applications dans un environnement multicloud, le simple fait de disposer d’une architecture capable de prendre en charge une solution multicloud (ou simplement de changer de fournisseur de cloud public) est capital pour réduire les coûts sur le long terme.

3. Pays d’origine

Pour les multinationales, des réglementations et règles de sécurité dictent souvent les conditions de stockage des données. Pour ce type d’entreprise, un service de cloud public unique et centralisé peut s’avérer peu pratique et poser des problèmes de conformité. La question de la souveraineté des données est encore plus complexe lorsque les pays se heurtent à la collecte des données, ainsi qu’à ses implications en matière de confidentialité et de sécurité nationale.

On assistera indubitablement à une montée des services cloud nationaux (ou locaux). Ils peuvent impliquer des fournisseurs de cloud de moindre envergure (comme les fournisseurs régionaux de bande passante) ou de grands clouds hébergés dans des datacenters locaux. Et dans la mesure où les entreprises doivent respecter les lois locales, elles se tourneront sans doute de plus en plus vers ces fournisseurs locaux.

4. Déplacer les données vers les applications, ou les applications vers les données ?

La vision prédominante du cloud est encore celle d’un pool de ressources centralisé qui traite la charge de travail des applications. Dans ce modèle, les données dont une application a besoin pour effectuer une tâche doivent résider au même endroit ou être rapprochées. Pour les applications sans problème de performance particulier, et pour les jeux de données de taille raisonnable, ce modèle peut être idéal. Il optimise l’aspect économique, souvent au détriment de l’aspect physique.

Mais toutes les applications ne se ressemblent pas. Dans le cas d’applications sensibles à la latence, il peut être nécessaire de déplacer l’application vers les données. Imaginez des installations de production ou d’extraction minière éloignées, avec des millions de capteurs IoT répartis sur des équipements qui ne sont pas directement connectés par un réseau fibre. Ici, la seule solution est de déplacer la charge de travail sur le site, ce qui explique un tel engouement pour les technologies comme le cloud distribué, le cloud de périphérie et l’edge computing.

Quelle que soit l’appellation, l’idée est que le cloud se déplace vers les données. Surtout, cela représente encore un autre cloud. L’avenir appartient donc au multicloud.

5. Faire coexister l’ancien et le nouveau

Si les entreprises doivent envisager le multicloud, c’est pour une raison encore plus simple. Le cloud représente une migration pour toute entreprise qui n’est pas née dans le cloud. Et les migrations prennent du temps.

Même si la stratégie repose explicitement sur un fournisseur de cloud unique, une entreprise peut se retrouver forcée de faire coexister l’ancien système avec le nouveau, l’obligeant à gérer les applications à la fois dans des environnements de cloud privé et public. Et même dans ce cas, aussi courte que soit cette transition, les entreprises constateront l’importance du multicloud.

Les entreprises vieillissent toutes de façons différentes. Certaines misent sur une croissance externe. Dans les scénarios d’acquisition, la gestion multicloud constitue une capacité vitale. Elle permet une intégration rapide de l’entreprise cible, indépendamment de son infrastructure et de ses applications sous-jacentes.

Quid des entreprises qui évoluent organiquement ? Malgré dix ans d’évolution, le cloud n’en est encore qu’à ses balbutiements. Il est impossible de savoir exactement où tout cela va mener. Dans un environnement qui favorise les plus rapides, la meilleure police d’assurance d’une entreprise est peut-être le choix des options permis par l’abstraction.