Tribune de François Rachez, Directeur Avant-vente chez Avaya France
Selon la dernière enquête sectorielle d’OutSystems publiée le 15 juin 2021 qui examine le coût de la dette technologique auquel sont confrontées les entreprises dans tous les secteurs et toutes les zones géographiques, 61% des 500 responsables informatiques interrogés considèrent qu’elle pèse sur les performances de leur entreprise, et 69% d’entre eux estiment qu’elle est une limite fondamentale à leur capacité d’innovation. Pour autant, les entreprises continuent de retarder le traitement de la dette technologique, ce qui aggrave encore le problème. Comment expliquer l’inertie technique des entreprises, qui peinent à suivre le rythme du progrès ?
La dette technologique peut être comparée à un vieux véhicule : bien que ce dernier soit amorti et que son moteur fonctionne, il consomme trop de carburant et génère des coûts de réparation élevés. La sécurité de la voiture n’étant pas garantie, les projets de vacances sont limités, sans la certitude de pouvoir mener sans dommages l’aller-retour jusque dans le sud de la France. De même, la dette technologique a un coût significatif en ce qu’elle réduit l’agilité.
La pression sur les budgets IT : un frein à l’innovation
Investir dans la technologie de l’entreprise génère heureusement plus de retombées positives à court terme que les investissements dans un vieux véhicule. Pourtant, plus le temps passe, plus l’entretien des infrastructures demande de l’énergie aux entreprises, énergie qui ne peut être mobilisée pour anticiper les challenges futurs. Conserver des solutions informatiques obsolètes entraîne régulièrement des investissements en parallèle pour de nouvelles technologies qui viennent fusionner l’existant en générant des coûts d’intégration supplémentaires, et in fine, augmenter la dette technologique.
Pour cause, la majorité des grandes entreprises constatent que 55% de leur budget informatique sert à maintenir les systèmes, opérations et infrastructures opérationnelles. Il existe un réel paradoxe entre la volonté de moderniser les solutions informatiques et la pression sur les budgets.
La pandémie a permis de pointer les failles des systèmes désuets, qui se sont traduits par une hausse des cyberattaques ou encore par un manque de fonctionnalités des applications pour s’adapter aux modes de collaboration à distance. Ce constat révèle l’urgence d’une mise à niveau des systèmes tant pour maintenir les activités, maîtriser les coûts que laisser de la place à l’innovation.
L’impulsion d’un modèle nouveau, encouragée par la pandémie
La pandémie a accéléré l’évolution des modèles d’achat informatique avec la migration quasi-systématique vers le cloud. Dans un monde incertain, le cloud permet de relever les défis à court terme tout en tenant compte des changements de demain. Le rôle des DSI a évolué, les défis sont nouveaux, axés sur la transformation digitale et la capacité à collaborer n’importe où et n’importe quand. L’ancien modèle d’achat de licences, de logiciels et de matériel pour les centres de données sur une période définie semble aujourd’hui révolu.
Au fur et à mesure que le temps passe, la dette technologique s’intensifie et la conduite au changement se complexifie. A l’heure où les jeunes générations rejoignent massivement les entreprises, l’obsolescence des systèmes freine l’attractivité des entreprises pour les jeunes talents sans compter qu’elle représente un frein à l’exécution optimale des tâches.
Comment sortir de ce cercle vicieux ?
En tant que client d’un service informatique, les entreprises sont contraintes de se résoudre à une innovation figée dans le temps. Acheter ce nouveau véhicule pour réduire les coûts imposés par les réparations et permettre de partir en vacances en toute sécurité ne suffit pas. C’est en effet à la date d’achat que l’innovation s’arrête, sans pouvoir bénéficier des progrès réalisés sur la consommation, la sécurité ou encore les nouvelles options. A cela s’ajoute la dévaluation du véhicule difficile à quantifier quelques années plus tard. Le coût de remplacement constituera une partie majeure de la dette technologique. Le passage d’un modèle de dépenses d’investissement vers des dépenses d’exploitation permet de réviser ce modèle en assurant la continuité de l’innovation mais aussi d’une maintenance régulière. Les équipements non reconductibles et leurs coûts d’intégrations avec les innovations récentes sont ainsi optimisés, la marge du choix est elle aussi prise en compte positivement.
La vision de la technologie évolue, le processus de destruction créatrice est en permanence démontré au sein de nos sociétés. Le progrès évolue constamment et pour suivre la cadence, il n’est plus envisageable de choisir ses systèmes par rapport aux enjeux actuels. Dès aujourd’hui, c’est à chaque entreprise de bien se préparer à répondre aux enjeux de demain.