Par Yves Grandmontagne, rédacteur en chef de Datacenter Magazine
Equinix frappe un grand coup et consolide sa place de numéro 1. « C’est qui le patron ? » – C’est par cette question souvent humoristique, mais si justifiée, que nous engageons notre analyse sur l’annonce d’Equinix. Mais rappelons tout d’abord les faits :
- Equinix a annoncé l’extension de la présence mondiale de son offre xScale avec le projet de construire 32 nouveaux datacenters dans le monde, pour une puissance électrique de 600 mégawatts de capacité et plus de 6,9 milliards de dollars d’investissement.
Equinix se transforme, en entreprise d’infrastructure numérique
Au-delà de l’étendue de l’annonce, c’est le montage de l’opération qui retient notre attention. Il passe en effet par la création de co-entreprises (joint ventures) avec le fond GIC, un fonds souverain qui gère les réserves de change de Singapour, qui détiendra une participation de 80% dans les futures co-entreprises, Equinix conservant la participation restante de 20%.
Charles Meyers, le CEO d’Equinix, a expliqué que les co-entreprises xScale sont « structurées dans un modèle hors bilan qui vise à préserver le capital pour l’investissement dans nos datacenters traditionnels et notre activité d’infrastructure numérique, et pour maintenir notre flexibilité stratégique et financière« .
Equinix conserve ainsi sa capacité d’investissement sur des datacenters de plus faible ampleur, voire de petite taille comme celui qui est en construction à Bordeaux, comme de maintenir l’opérationnel sur l’existant. D’un côté Equinix satisfait ses gros clients – Charles Meyers a nommément cité Alibaba Cloud, Amazon Web Services, Google Cloud, IBM Cloud, Microsoft Azure et Oracle Cloud Infrastructure – et de l’autre se dote d’une stratégie de plateforme numérique avec des datacenters à des emplacements stratégiques et les interconnexions qui les accompagnent.
En avril 2020, Equinix avait déjà signé une co-entreprise d’une valeur de plus d’un milliard de dollars avec GIC, pour construire trois datacenters au Japon destinés au marché du cloud.
Par ailleurs, la présence du fonds singapourien vient confirmer l’importance des datacenters pour les investisseurs, qui y voient une nouvelle classe d’actifs, celle des infrastructures numériques en forte croissance. Ce qui explique l’afflux de liquidités vers les datacenters, principalement destinées à l’hyperscale. Un mouvement à suivre, moins assimilable à de la consolidation qu’à du placement à long terme…