Chaîne d’approvisionnement responsable : la réduction de l’empreinte environnementale au cœur des préoccupations

Par Manuel Montalban, CEO d’AZAP

Les entreprises doivent plus que jamais œuvrer en faveur de la réduction de leur impact environnemental. Les enjeux sont de taille : réponse aux attentes des consommateurs pour faire face aux enjeux climatiques, satisfaction et fidélisation, développement de l’activité et du chiffre d’affaires, réduction des coûts, amélioration de l’image, etc. La première étape pour s’inscrire dans une chaine d’approvisionnement responsable et atteindre ces objectifs est la planification.

Avant même la protection de leur santé, les consommateurs attendent des marques qu’elles s’investissent dans la protection de l’environnement, indique le baromètre Agence W / Institut CSA mené en 2020. L’étude sur la consommation raisonnée lancée par Oney cette même année confirme que 90% des consommateurs souhaitent que les marques s’engagent et les aident à consommer mieux. En parallèle, 56%[1] des consommateurs affirment avoir boycotté une entreprise jugée peu responsable. Ils confirment favoriser les entreprises inscrites dans une démarche RSE transparente et visible.

Réduire l’empreinte environnementale des entreprises grâce à une chaine d’approvisionnement responsable

En 2019, l’ADEME signale que le fret urbain représente à lui seul 30% des gaz à effet de serre dans les villes françaises. Un constat qui se vérifie l’année suivante Outre-Atlantique : selon l’EPA, Agence de Protection de l’Environnement des États-Unis, le fret et le transport génèrent la majorité des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

L’optimisation des transports s’impose donc comme un levier important pour réduire l’empreinte carbone des entreprises. Dans cette optique, le Ministère de l’Ecologie impose d’ores et déjà aux prestataires de transports, depuis 2017, d’informer chaque bénéficiaire de la quantité de gaz à effet de serre émise pour chaque trajet. Cette mesure vise notamment à responsabiliser les clients et à placer la lutte contre le réchauffement climatique au cœur de la compétitivité des entreprises.

À noter toutefois que les consommateurs, tout en exigeant des entreprises qu’elles s’investissent en faveur du respect de l’environnement, attendent une qualité de service qui passe par exemple par la livraison en 2 heures le jour-même, une prestation particulièrement énergivore et difficile à optimiser compte-tenu des délais impartis.

Respecter l’environnement grâce aux prévisions de ventes et à la planification de sa chaine d’approvisionnement.

Au-delà du transport, l’optimisation des différentes étapes d’une chaine d’approvisionnement passe par l’anticipation, la prévision et la planification. Pour répondre aux besoins des consommateurs, les entreprises peuvent être tentées de cibler un taux de service de 100% en ayant toujours en stock suffisamment, voire trop de produits, afin de limiter le risque de ne pas pouvoir répondre à la demande. Ces grandes quantités requièrent des espaces de stockage volumineux, donc coûteux, particulièrement consommateurs d’énergie lorsqu’s’il s’agit de produits frais ou surgelés, et sources de pertes liées aux dates limites de consommation.

Des modèles mathématiques et d’IA permettent désormais de bien prévoir l’évolution de la demande : en intégrant des informations internes, comme les ventes, les promotions et les évènements, mais aussi externes, comme la saisonnalité de certains produits (ex : glaces et ventilateurs en été) ou des données climatiques, ces algorithmes calculent avec précision la demande prévisionnelle des consommateurs. Ces modèles de calcul au plus juste s’inscrivent alors dans un cercle vertueux, du début à la fin de la chaîne d’approvisionnement : en anticipant via une planification précise qui tient compte de l’impact environnemental, l’entreprise utilise moins de matières premières, produit au plus près de la demande, optimise ses transports, utilise moins de stockage et génère moins de déchets et de rebuts.

On parle ici de planification responsable et de bout en bout de la chaine d’approvisionnement (« End-to-end Supply Chain Planning ». Une telle planification va également être ajustée en fonction du taux de service souhaité, de la politique de distribution et de stocks. La création de scénarios cibles permet ainsi à l’entreprise d’arbitrer et d’ajuster l’ensemble des paramètres afin de trouver le bon compromis entre un taux de service cible, une stratégie de distribution et de stockage et l’impact de chaque scénario sur l’empreinte environnementale. Ces différents scénarios sont autant de données factuelles qui aident les décideurs à prendre les bonnes décisions lors des réunions S&OP (« Sales & Operating Planning »).

Blockchain et cycle de vie du produit, une technologie clé pour l’avenir des chaines d’approvisionnement responsables.

Parmi les innovations technologiques permettant d’optimiser les chaines d’approvisionnement et la prise de décisions visant à réduire l’empreinte environnementale, la technologie « Blockchain » semble particulièrement prometteuse. Elle facilite la traçabilité de bout en bout de l’impact environnemental de chaque produit en le suivant à chaque étape de sa vie : extraction des matières premières, transformation, production, assemblage, transport, stockage, vente et recyclage.

Cette démarche s’inscrit totalement dans la volonté du gouvernement d’ajouter une étiquette indiquant, à l’instar du nutri-score, le score environnemental, dit « éco-score », de chaque produit alimentaire basé sur une liste de 15 indicateurs fournis par la base de données Agribalyse, établie par l’ADEME. Un projet ambitieux qu’il serait bon de dupliquer à terme à l’ensemble des produits et des industries, et qui va être particulièrement important pour les acteurs du bio, l’engagement en faveur de l’environnement étant un de leurs fondamentaux.

La dynamique est lancée : une enquête réalisée en 2019 par « Business for Social Responsability » indique que 52% des entreprises considèrent que pour être pérennes, il est très important d’intégrer le changement climatique dans leur stratégie de développement. En optant pour la prise en compte de l’empreinte environnementale dans la planification de bout en bout de leur chaine d’approvisionnement, les entreprises sont en mesure de réduire leur empreinte carbone, et ainsi de susciter la préférence des consommateurs, au profit de leur chiffre d’affaires, de leur marge mais aussi de la planète.

[1] source : https://makemycom.fr/marketing-et-rse-allies-pour-un-business-perenne/