Par Véronique Maignan, DRH de Telehouse France
La mixité hommes/femmes n’est pas une évidence dans les métiers de la Tech, surtout quand ils endossent une forte technicité. La photographie d’effectifs tels ceux d’installations de datacenters en témoigne, en particulier au niveau de l’exploitation où les femmes restent rares, pour ne pas dire absentes. Pourtant, plusieurs options existent pour améliorer la mixité dans la Tech.
La mixité en entreprise et l’obligation légale de parité mettent à bon escient la pression sur les entreprises pour équilibrer leurs effectifs d’hommes et de femmes. Toutefois entre théorie et pratique, la réalité du terrain peut jouer les trouble-fête. C’est le cas aujourd’hui encore dans la Tech.
Où en est la mixité dans la Tech ?
Quoique les entreprises de technologie recouvrent une grande diversité de métiers pour des profils très variés, les effectifs restent mal équilibrés entre hommes et femmes selon la nature des postes.
Pour le moment, peu de femmes aux postes techniques : Les femmes sont bien présentes dans les entreprises de la tech, mais rarement sur le cœur de métier purement technique. Elles investissent davantage les fonctions support, commerciales ou les postes en hotline à forte dimension relationnelle. À l’inverse, les femmes manquent à l’appel dans les fonctions très techniques, à l’exemple des postes d’exploitation dans un datacenter. D’ailleurs, le recrutement à ces postes laisse peu de place à la question de la mixité : les candidatures sont masculines. Pourtant, ces postes offrent de réelles perspectives de promotion vers des positions de managers avec une précieuse expérience de terrain.
La formation initiale façonne aussi les effectifs. En effet, la configuration de postes plutôt féminins, d’autres plutôt masculins, reflète en grande partie les choix en matière de formation initiale. Ainsi, on constate que les candidatures de niveau bac+2 dans un domaine technique, type BTS, ne comptent quasiment que des hommes. Les femmes arrivent plutôt dans la Tech diplômées d’écoles de commerce ou d’ingénieurs avec des profils orientés relation client, reflets du contenu des cursus. Elles sont ainsi nombreuses à travailler comme commerciales ou dans l’encadrement. Il est intéressant de noter que leurs collègues masculins aux mêmes postes ont plus souvent un précédent parcours technique en avant-vente.
La nouvelle génération pourrait changer la donne : depuis deux à trois ans, les jeunes femmes sont plus nombreuses à postuler à des postes plus techniques, notamment en amont de la production. Ainsi, elles n’hésitent plus à travailler dans le design, l’architecture d’infrastructure, ou comme chef de chantier. Des profils qui viennent notamment d’école d’ingénieurs en génie civil, électricité ou télécoms.
Amener davantage les femmes vers les métiers techniques
La mixité dans la Tech a toutes les chances de progresser si le triptyque marché/ culture d’entreprise/ approche du recruteur se mobilise en sa faveur :
Le marché et l’attractivité des métiers : il est sûrement utile de redorer le blason des postes à forte technicité auprès du public féminin – et de casser des stéréotypes qui ont la vie dure. Par exemple, dans un datacenter, les techniciens de l’exploitation permettent à d’innombrables personnes de profiter de services en ligne et d’applications mobiles qui fonctionnent, sans interruption. Ces métiers apportent ainsi la grande satisfaction d’être utile aux gens, pour ne pas dire essentiel dans la vie quotidienne. Il faut le faire savoir.
La culture d’entreprise va influer sur la volonté de promouvoir les femmes aux postes les plus techniques. L’offre de formation continue a ici un rôle à jouer – également en termes de parité, pour donner à chacun les mêmes perspectives d’évolution dans l’entreprise. Les femmes peuvent ainsi bénéficier de parcours de formation pour accéder à des postes plus techniques, de quoi accélérer le mouvement sans tout attendre de la formation initiale. De plus, favoriser la diversification des métiers investis par les femmes permet de ne pas sourcer les profils de postes techniques dans des effectifs uniquement masculins.
Le recruteur doit aussi prendre position : mettre en valeur les femmes à des postes techniques ne doit pas consister à pratiquer la discrimination positive. Chaque personne doit être employée pour ses compétences, ses savoir-faire et ses savoir-être. La seule valeur à prendre en compte est celle de la contribution apportée par chaque collaborateur. D’ailleurs, la discrimination positive est à éviter dans tous les cas de figure, également pour amener davantage d’hommes à des fonctions majoritairement féminines !