Le datacenter devient un écosystème de services et de partenariats
Par Bruno Paolini - Directeur Europe du Sud et Benelux chez Rahi
Le numérique est au cœur de nos vies. Il révolutionne les usages, les métiers, les secteurs. Pour les entreprises (et les utilisateurs finaux de leurs produits/services), il permet de gagner en agilité, efficacité, réactivité et souplesse.
La transformation numérique s’est accélérée pendant la crise sanitaire. Cette dernière a incité les entreprises à s’adapter, se réinventer et innover pour maintenir la continuité de services, conserver leurs clients et parts de marché. La donnée est plus que jamais l’or noir des entreprises, la mobilité et le recours au Cloud sont les nouveaux graals. Les équipes IT/métiers ont dû repenser leur infrastructure informatique, des appareils périphériques aux datacenters afin d’accompagner l’évolution de l’infrastructure de production, l’évolution des besoins métiers. Point névralgique de l’infrastructure informatique, le datacenter est au cœur de toutes les attentions.
Lorsque le cloud a commencé à décoller, les analystes du secteur prédisaient que les équipes informatiques deviendraient des « courtiers » de services technologiques plutôt que des « gardiens » de l’infrastructure informatique. Ce n’est pas tout à fait ce qui s’est passé. Si de nombreux services et applications ont été transférés dans le cloud, d’autres sont restés dans l’environnement traditionnel sur site pour des raisons de performances, de sécurité, de conformité réglementaire ou de coûts.
Entre-temps, l’informatique périphérique est entrée en scène. Les organisations déplacent les applications et les données vers la périphérie du réseau pour réduire la latence et améliorer l’expérience utilisateur. Désormais, les services informatiques doivent gérer un nombre croissant de datacenters distants et relever le défi de la distribution et de la maintenance des applications sur une vaste zone de couverture.
Selon Gartner, les responsables informatiques doivent se concentrer non plus sur l’infrastructure – qu’elle soit sur site, dans le nuage ou à la périphérie – mais sur les charges de travail. Le placement des charges de travail doit être basé sur les résultats commerciaux souhaités plutôt que sur l’emplacement physique. Le personnel informatique devra être polyvalent et connaître un large éventail de plateformes et d’environnements.
Quels sont les facteurs déterminants pour une répartition optimale des “Workloads”?
Lorsque l’accent est mis sur la répartition des ‘Workloads’ plutôt que sur l’infrastructure, la prise de décision se concentre sur la fourniture de services plutôt que sur l’architecture informatique. Si Gartner recommande aux services informatiques de ne plus s’occuper de la maintenance des datacenters, le cloud n’est pas toujours la meilleure option. Les entreprises doivent se concentrer sur les performances, la disponibilité, la sécurité, la conformité et d’autres exigences technologiques et commerciales pour déterminer le placement des charges de travail.
En analysant ces facteurs, les entreprises doivent prendre en compte non seulement ce que les services informatiques internes peuvent fournir, mais aussi ce qui est disponible sur le marché. Certaines applications traditionnelles ou “legacy” peuvent être migrées vers des solutions Software-as-a-Service, mais d’autres peuvent être hébergées dans des installations de colocation. Les nouveaux services en nuage distribués offrent des applications et des données à partir de sites géographiquement dispersés à la périphérie du réseau.
Le rapport de Gartner intitulé « Your Data Center May Not Be Dead, But It’s Morphing » (Votre datacenter n’est peut-être pas mort, mais il se transforme) recommande également aux entreprises de travailler avec un écosystème de partenaires de cloud, de colocation pour gagner en souplesse et créer une infrastructure plus agile. Changements opérationnels en matière d’informatique
Les processus opérationnels informatiques doivent changer pour soutenir ce nouveau modèle. Traditionnellement, l’environnement informatique était géré en silos – serveurs, stockage, réseau, etc. Dans le nouvel environnement, les charges de travail sont déployées sur n’importe quelle architecture informatique. La gestion doit donc être basée non pas sur les spécificités techniques de l’architecture, mais sur le coût, l’efficacité et l’expérience de l’utilisateur.
La surveillance et la gestion permanentes de l’environnement sont essentielles à la réussite. Gartner recommande d’ailleurs aux entreprises d’investir dans des outils de gestion de l’infrastructure qui offrent une visibilité sur toutes les charges de travail, où qu’elles se trouvent. En plus des outils de gestion traditionnels, les entreprises peuvent mettre en place un suivi de l’expérience utilisateur pour mesurer les performances, la disponibilité et d’autres facteurs du point de vue de l’utilisateur final.
Le partenariat avec un fournisseur de services gérés (MSP) qualifié peut être une meilleure option. Le bon MSP aura déjà investi dans les outils et le talent nécessaire pour en tirer pleinement parti. Le MSP devrait également être en mesure de fournir la couverture 24 heures sur 24 nécessaire pour l’environnement distribué.
La transformation et l’optimisation du datacenter doivent être pensées au-delà des aspects techniques et technologiques. Cette démarche vise également à soutenir la stratégie de développement de l’entreprise, la rendre plus efficiente, agile. Elle doit répondre aux objectifs business et permettre d’offrir une meilleure expérience utilisateur, tant pour les équipes internes que les clients finaux. Nous sommes de plus en plus dépendants des datacenters. Le récent incendie du datacenter OVH l’a mis en lumière. Beaucoup d’entreprises se sont retrouvées dans l’incapacité d’accéder à leurs données, de fournir leurs services en ligne.
Ainsi, rénover, moderniser ces datacenters sont une priorité pour beaucoup d’entreprises. Cela permet d’accompagner cette nouvelle normalité, l’activité à distance, ou bien encore le développement du Edge Computing. Au-delà, avec le choix des bonnes technologies, les équipes IT peuvent faire de la transformation de leurs datacenters un véritable asset technologique, technique et d’entreprise. Elles doivent bien évidemment veiller à optimiser l’efficacité énergétique de ces datacenters, assurer la continuité de service, leur évolutivité, leur sécurité sans négliger de rationaliser les coûts de leur gestion.