Décret Tertiaire : comment répondre à un ambitieux enjeu écologique et économique ?

Par Thibault DE DINECHIN – Business Developer Énergie & Environnement chez Birdz

Pilier de la Loi de la Transition Énergétique mise en chantier depuis plusieurs quinquennats présidentiels et menée par l’actuel gouvernement dans un contexte environnemental toujours plus préoccupant, le Décret Tertiaire présente des objectifs ambitieux pour réduire les consommations énergétiques des bâtiments à usage tertiaire. Mais il est également l’occasion de repenser la consommation énergétique, via un prisme environnemental mais également économique, permettant d’optimiser ce poste de dépense qui représente 30 à 40% des coûts d’exploitation d’un bâtiment.

Entré en vigueur le 1er octobre 2019, il vise l’obligation d’amélioration de la performance énergétique des bâtiments tertiaires afin d’atteindre une forte diminution des consommations d’énergie d’ici à 2050. Tous les bâtiments tertiaires (sauf quelques exceptions) dont la surface au sol est supérieure à 1 000 m2 sont concernés et se doivent d’agir rapidement pour respecter ces objectifs. Les acteurs concernés sont aussi bien ceux du secteur public et privé, les propriétaires de bâtiments mais également les locataires.

Décret Tertiaire : un objectif de réduction de la consommation énergétique de 60% d’ici à 2050

Le décret s’inscrit dans un objectif global de réduction des émissions de gaz à effets de serre, mais également dans un contexte de hausse tendanciel du coût de l’énergie. La hausse sans précédent du coût du gaz sur le mois d’octobre 2021 ainsi que les hausses à venir sur le coût de l’électricité qui poussent parfois certaines structures et bâtiments à totalement revoir leur fonctionnement. Outre l’urgence climatique, cette tendance met en exergue la nécessité de suivre et de repenser sa consommation énergétique.

Afin de réussir à atteindre l’objectif fixé par la Loi de Transition énergétique, il apparaît comme indispensable de commencer à mettre en œuvre une stratégie efficace de réduction des consommations énergétiques qui permettra notamment aux acteurs concernés de déterminer la stratégie la plus adaptée aux spécificités de leur patrimoine et de mettre en place des solutions efficaces et rentables afin d’atteindre les objectifs fixés. Mais, au-delà des objectifs légaux, il faut également comprendre qu’il s’agit ici d’une opportunité de créer de la valeur en transformant cette obligation en véritable levier.

Deux approches pour respecter ces objectifs

Les objectifs du Décret Tertiaire sont fixés selon deux approches. La première, méthodologie en valeur relative, consiste à partir d’une valeur exprimée en kilowattheure (kWh) au m2 jusqu’à un historique de consommation pouvant remonter jusqu’à 2010, et à la réduire de 40% d’ici 2030, de 50% d’ici 2040 et de 60% d’ici 2050. Cette méthodologie serait plutôt applicable à des bâtiments très énergivores, qui ont peu été rénovés ou qui ont peu entrepris de rénovations énergétiques ces dernières années. La seconde méthode tend à atteindre un seuil de consommation d’énergie finale déterminée en valeur absolue. A chaque échéance – 2030, 2040 et 2050 – les parcs tertiaires devront ainsi atteindre un seuil de consommation d’énergie proche des valeurs de consommation de bâtiments neufs, et qui est défini selon des critères géographiques et de typologie de bâtiment.

Pour ce faire, les gestionnaires de bâtiments vont devoir analyser minutieusement la manière dont ils utilisent l’énergie afin de comprendre comment en réduire la consommation.

Le Décret Tertiaire, levier d’adoption pour l’IoT environnemental

On se rend compte aujourd’hui, avec l’approche des premières déclarations rendues obligatoires par l’ADEME (Agence de la Transition Écologique) au plus tard le 30 septembre 2022 pour les premières déclarations des années 2020 et 2021, que beaucoup d’acteurs ont peu de moyens de consolider et centraliser les données liées à leurs consommations et ne savent pas toujours comment s’y prendre. Le besoin d’accompagnement est fort. Il faut ainsi les aiguiller sur les différentes actions à entreprendre avant de penser à la réalisation de travaux de rénovation énergétique. Et l’une des premières actions à envisager pour les acteurs du secteur tertiaire est de mesurer l’ensemble des dépenses de consommation des bâtiments qu’ils exploitent.

Aujourd’hui, il est essentiel de pouvoir collecter les données énergétiques globales de façon automatisée et régulière sans avoir besoin de se connecter à différents sites fournisseurs pour consulter ses consommations d’énergie. Comprendre le profil énergétique de chacun des bâtiments et comparer les performances des bâtiments les uns avec les autres permettra au gestionnaire de prioriser par la suite la stratégie à entreprendre en termes de réduction des consommations d’énergie. Pour cela, la télérelève des compteurs d’énergie est nécessaire pour permettre un suivi régulier et automatisé. Elle permet d’avoir une vision globale des postes de dépense et surtout d’identifier les anomalies et les axes d’amélioration à entreprendre pour améliorer la consommation énergétique et l’empreinte environnementale du bâtiment.

De fait, le Décret Tertiaire représente un levier d’adoption pour des solutions IoT, qui permettent aux acteurs de mieux contrôler leur consommation via une infrastructure connectée au moyen de réseaux basse consommation comme les réseaux LPWAN (Low Power Wide Area Network) peu consommateurs en énergie, rapidement déployables et bien adaptés à des sites existants ne souhaitant pas investir dans des solutions de GTB/GTC souvent plus onéreuses. Mais la simple récolte de données ne suffit pas, il est nécessaire de connecter les flux et de mettre à disposition des gestionnaires un portail de visualisation globale de leurs consommations (monosite & multisite) pour qu’ils puissent commencer à en faire un suivi plus régulier, et savoir où ils se situent par rapport à leurs objectifs et mener les premières actions de sensibilisation

Grâce à leur savoir-faire et aux outils performants de suivi et d’aide à la décision, les acteurs de l’IoT ont un rôle important à jouer dans cette transition écologique et dans la réussite de ce nouveau décret.