Jacques Bruno Delaroch, Ingénieur Avant-vente Cybersécurité chez Exclusive Networks
L’année 2020 a été consacrée à colmater les brèches et à s’adapter au nouvel environnement imposé par la crise sanitaire. En 2021, les organisations se remettent en ordre de marche. Après avoir stabilisé l’IT, elles continuent leur transformation.
La baisse des budgets informatiques en raison de la pandémie a été de 3,2% l’an dernier au niveau mondial, selon le cabinet d’études Gartner. Mais les dépenses IT devraient repartir à la hausse en 2021 (+6,2%), pour atteindre 3 900 milliards de dollars. La plus forte augmentation devrait concerner le segment des logiciels d’entreprise (+8,8%), dopée par l’adoption massive des environnements de travail à distance.
En matière de sécurité, d’importants investissements « réactionnels » ont été réalisés l’an dernier. Ils avaient pour objectif de permettre aux organisations de s’adapter aux conséquences de la crise sanitaire. Au plan mondial, le nombre de téléchargements de VPN a ainsi atteint les 277 millions l’an dernier, selon Atlas VPN. Les entreprises se sont aussi grandement intéressées aux SD-Wan qui présentent, par rapport aux VPN, une grande souplesse et une forte adaptabilité aux environnements de travail actuels.
Et comme le rappelle le cabinet Forrester dans ses prévisions européennes pour 2021, « 30% des entreprises continueront en 2021 à accroître leurs dépenses dans le cloud, la sécurité, la gestion des risques, les réseaux et la mobilité. Les meilleurs DSI adopteront des stratégies basées sur des solutions intégrées privilégiant le cloud et les plateformes pour gagner en rapidité, en capacité d’adaptation, évitant ainsi les solutions hétérogènes ».
Après des dépenses « réactionnelles », des investissements rationnels
Après les investissements « réactionnels », une deuxième vague est donc en cours de préparation. Elle concerne notamment la modification des architectures. Les entreprises ont en effet l’intention de finaliser la cloudification de leurs outils. Elles ne souhaitent plus disposer, en mode « on premise », d’un certain nombre de services. Pour plusieurs raisons : coût de la maintenance, coût de fonctionnement, charge d’exploitation, simplification de la gestion et de l’administration du service et bien d’autres.
Après la messagerie et les outils dédiés au commerce, déjà disponibles en mode SaaS, de plus en plus d’organisations projettent d’externaliser la gestion de leur infrastructure. L’enjeu est de pouvoir piloter, par exemple, un réseau de succursales depuis n’importe quel PC, et ce n’importe où. Aujourd’hui des offres de gestion des infrastructures en cloud font leur apparition. Avant, restreint à la seule gestion de la sécurité (comme les EDR, les antispam, les sandbox, etc.) l’évolution de l’offre permet dorénavant de proposer aux entreprises des outils de gestion de leur infrastructure pilotés depuis des services SaaS. En exemple, l’éditeur Infoblox propose, en plus de leur offre de sécurité, une offre de gestion des infrastructures DNS et DHCP internes en full mode SaaS.
Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises veulent revenir aux fondamentaux en considérant l’« IT » comme un service et non comme un investissement métier. La cloudification permet de se concentrer sur le métier et de se libérer les tracas de la gestion de l’infra. L’informatique ne doit donc plus être un poste d’investissement, mais une charge de fonctionnement au service des métiers.
Ces investissements dans les solutions de cloudification des infrastructures auront-ils lieu en 2021 ou en 2022 ? Il est encore trop tôt pour le dire, car les budgets décidés en 2020 (donc dépensés en 2021) portent essentiellement sur le renforcement de la sécurité des entreprises. Cela est notamment dû aux dernières attaques, par exemple, celle qu’a subi le pure player américain de la sécurité FireEye, qui a bénéficié l’an dernier d’une couverture médiatique sans précédent.
Ce qui est certain, en revanche, c’est que toutes les entreprises ayant investi dans la cloudification de leurs outils existent toujours et qu’elles n’ont pas trop perdu de chiffre d’affaires pendant la crise de la Covid-19. À l’inverse, celles qui n’ont pas suffisamment avancé dans leur transformation digitale sont davantage susceptibles de connaître des difficultés, voire de disparaître.
Si certaines organisations mettent la clé sous la porte, la Covid-19 n’y sera pour rien. C’est leur manque d’investissement qu’il faudra pointer du doigt. Le cabinet Forrester le précise très nettement dans ses prévisions 2021, annonçant que, parmi les entreprises du Fortune 500 qui n’ont pas su se transformer avant la pandémie, une sur cinq ne passera pas 2021 !