Voici une affaire bien mal engagée mais qui n’a pas démérité… Reporté de mars, en pleine crise Covid avec l’engagement dans le confinement, à septembre, le salon Cloud & Data Center qui s’est tenu porte de Versailles a essuyé les plâtres de la seconde vague Covid. Après une reprise en demi-teinte, qui n’avait rien d’encourageant pour les événements, au soir du premier jour du salon le gouvernement annonçait de nouvelles contraintes, ce qui on l’imagine n’a pas favorisé sa fréquentation.
Pour autant, si la quantité n’était pas là, la qualité était bien présente. Dans l’organisation du salon, tout d’abord, qui a maintenu la barre contre vents, marées et virus, on saluera le courage de l’équipe. Chez les exposants, ensuite, et chez les conférenciers qui ont répondu présents et nous ont gratifiés de tables rondes d’experts souvent exceptionnelles. Et nous n’oublieront pas non plus les visiteurs, certes peu nombreux, mais tous intéressés.
Le monde du datacenter est un écosystème riche mais réduit, qui a besoin d’événements comme les salons pour se retrouver et assurer la visibilité de ses acteurs, ses experts, comme ses clients et ses projets. Une mission que nous nous efforçons de remplir quotidiennement sur Datacenter Magazine, et en accompagnant les organisateurs du salon sur les tables rondes, dont certaines étaient animées par notre fondateur Yves Grandmontagne.
La richesse de l’écosystème du datacenter
Nous évoquerons les tables rondes que nous avons animées, les autres n’ont pas démérité mais nous n’avons pu y assister, intervenant également sur les salons Cloud et IoT.
La table ronde inaugurale « Etat des lieux des datacenters, de la colocation et de l’hyperscale »
Elle a réuni Régis Castagné, Directeur général d’Equinix France ; Fabrice Coquio, Directeur général d’Interxion France ; et Olivier Micheli, Président de DATA4 et Président de France Datacenter. Soit le n°1 mondial, l’ex n°1 européen devenu n°2 mondial avec Digital Realty ; et le n°1 français et n°1 indépendant européen.
L’occasion d’évoquer, avec une grande transparence le marché de la colocation, qui a le vent en poupe, les interconnexions incontournables, la financiarisation des gros projets de datacenter et l’évolution des modèles économiques, ou encore la sécurité même si cette dernière relève en théorie des clients qui déploient leur infrastructure mais qui nécessite une attention de tous les instants, car le datacenter est une cible privilégiée. Un parcours des hyperscales qui ne sont pas loin aux infrastructures Edge qu’ils ont la volonté de servir dans un modèle à l’américaine (à l’échelle des Etats-Unis un datacenter géant chez nous fait figure de datacenter régional).
La table ronde « Création, conception et financement d’un datacenter aujourd’hui »
Elle a réuni Carolina Colli Szablewski, Chef de Projet en ACV et écoconception chez WeLoop qui héberge le Projet CEDaCI européen ; Matthieu Gallego, Associate Director & Project Director, Data Centre and Manufacturing chez Turner & Townsend ; Olivier Labbé, Directeur général adjoint de Cap Ingelec ; et en fil rouge Eric Arbaretaz, co-fondateur de Thésée Datacenter dont la première pierre sera posée prochainement et qui préside au think tank Datacenter en Transition (dont nous hébergeons les publications sur Datacenter Magazine).
Si le datacenter a le vent en poupe, porté par l’explosion des données et les infrastructures cloud, la création d’un datacenter est loin d’être un parcours de santé. L’opération se révèle même plutôt complexe, de la recherche du lieu adéquat, donnant accès à la puissance électrique nécessaire, à la recherche de financements, même avec l’aide de la BPI. Les modèles économiques évoluent, les services proposés par les opérateurs également. D’une grande boîte immobilière, le datacenter devient un domaine d’expertise de l’électrique au refroidissement, et de plus un domaine d’expertise IT conçu autour des infrastructures informatiques et évolutif. S’y ajoute désormais les conditions environnementales, alors que l’économie circulaire autour du cycle de vie des serveurs fait son entrée dans les paramètre. Un règle domaine, la majorité des espaces d’hébergement doivent être vendus avant que le chantier démarre…
La table ronde « Piloter et optimiser le datacenter, efficacité énergétique et PUE, DCIM et DCMS »
Elle a réuni José Guignard, chef d’agence Marché d’Affaires île de France de GRDF ; Jérôme Derathé, Directeur commercial de Rentalaod ; Louis Naugès, Chief Strategy Officer de Wizi.io ; et Philippe Bernardini, fondateur et président de Nephele DC ; et en fil rouge Hedi Ollivier, Chef de Projets Construction / Datacenter chez Colt Technologies Services.
On mesure généralement l’efficacité d’un datacenter à son PUE. Celui-ci ne cesse de se rapprocher de la valeur 1, avec sur les projets récents un PUE généralement annoncé à 1,3 à 1,2, voire moins. Quel chemin parcouru en une dizaine d’année, l’époque, encore présente dans les datacenters ‘anciens’, où un PUE de 2,5 semblait la norme. Mais est-ce la réalité ? Il y aurait trop souvent un écart entre l’annonce et la réalité. Le ‘test and commissioning’ devient indispensable pour valider les performances réelles du datacenter. Surtout quand de nouvelles alternatives émergent pour assurer localement la production décarbonée de l’énergie, avec le gaz par exemple. L’avenir est probablement non plus dans le PUE mais dans son association avec l’efficacité de l’IT et des infrastructures informatiques. Ce qui est certain, c’est que les opérateurs de datacenters comme leurs clients doivent se concentrer sur le pilotage de l’ensemble. Des solutions existent, encore faut-il trouver celle(s) qui convien(nen)t…
La table ronde « Le datacenter Edge et le micro-datacenter sont-ils le futur du datacenter, du cloud, de l’IA et de la 5G ? »
Elle a réuni Vincent Rontani, General Manager France de Solace ; Damien Vargas, Président et Chief Innovation Officer de InfraOps ; Vincent Barbelin, CTO Ambassador de Dell Technologies ; et Emmanuel Treny, Director – Application Modernisation & Integration Europe chez IBM.
Bien évidemment, le Edge Computing n’est pas l’avenir du datacenter, mais c’en est une composante importante. Encore faut-il différencier la vision américaine du Edge, avec des datacenters de colocation des grandes agglomérations considérés comme Edge, et la vision européenne de datacenters de proximité à usage principalement de l’IoT et connectés à la 5G. Des solution existent, reposant sur des pico ou micro datacenters, et elles vont se généraliser. Encore faut-il pouvoir créer un maillage pour les interconnecter, voire disposer d’une couche d’abstraction très basse pour communiquer hors des protocoles contraignant. Le plus simple finalement n’est pas de raisonner en taille et en infrastructure, mais en usages, c’est là que se fera la distinction. A la condition de savoir créer le duo avec la 5G. Le Edge n’a pas fini de faire parler de lui.