Etude de Franck Nassah, Teknowlogy / PAC
En cette année exceptionnelle, nous en sommes à la troisième mise à jour de nos chiffres marché afin de suivre au plus près les évolutions de la conjoncture.
Nos prévisions initiales réalisées fin mars partaient de l’hypothèse d’un confinement court avec une reprise dès début mai et sur un PIB en récession entre -4% et -6%. Les annonces faites dé-but septembre par le gouvernement sur ce dernier point tablent sur une récession de -9% (la plus forte récession de la France depuis la seconde guerre mondiale). Pour mémoire, la récession en 2009 lors de la crise des subprimes n’avait été « que » de -2,8%.
Au fur et à mesure de nos échanges avec les acteurs du marché et de nos analyses sur les résultats publiés, nous avons été amenés à revoir à la baisse nos estimations pour 2020 afin d’être le plus proche possible de la réalité du marché et de fournir des indicateurs fiables et réalistes à l’attention de l’écosystème IT. Ainsi, notre scénario optimiste de fin mars estimait la décroissance du marché des services à -2,8%. Celui de début mai portait la décroissance à -6,5%. Notre dernière estimation table sur -8,7%, sachant que ce scénario optimiste est devenu celui que nous allons conserver pour l’instant pour nos projections de marché à 2024 car nous sommes persuadés, à ce jour, qu’il sera largement le plus probable.
Malgré la récession annoncée, il n’y a pas que des mauvaises nouvelles. En effet, même si l’année 2020 va être très compliquée pour de nombreuses ESN qui devront faire face à cette contraction historique du marché, teknowlogy I PAC prévoit tout de même un rebond assez ra-pide et des opportunités très intéressantes à saisir. Les entreprises utilisatrices ne peuvent pas passer deux années de suite (sauf cas exceptionnels comme dans l’aéronautique, le transport aérien ou le tourisme par exemple) à baisser drastiquement leurs investissements, en particulier dans le numérique. Après une année de forte décroissance, il y a quasi toujours un effet « méca-nique » de croissance l’année suivante. D’autre part, les entreprises vont devoir reprendre leurs projets, continuer (voir accélérer) leur transformation numérique (que ce soit sur l’expérience client mais aussi, après cette crise, dans l’optimisation des processus internes, la baisse des coûts avec le cloud…). Ainsi, nous estimons qu’en 2022 le marché des services numériques au-ra dépassé sa taille de 2019. Cela veut dire que l’année de crise 2020 sera « compensée » en 2 ans, grâce à la dynamique de marché portée par la place centrale qu’occupe désormais le numérique pour toutes les entreprises de tous les secteurs. Bien entendu, cela ne sera pas homogène dans tous les secteurs d’activité, notamment ceux qui ont été les plus durement touchés par la crise. Par exemple, le secteur aéronautique devrait avoir retrouvé les volumes d’investissements de 2019 après 2024, idem pour le transport aérien, le fret ou encore le tourisme.
Les aides de l’Etat annoncées dans le cadre du plan de relance vont aussi favoriser les projets de transformation numérique et aider les entreprises à traverser la crise d’un point de vue budgétaire.
Les clients vont avoir besoin de se transformer pour se préparer à une nouvelle crise et, dans le même temps, ils ont aujourd’hui des contraintes budgétaires très fortes. Il y a fort à parier, notamment pour les grands comptes, que nous allons voir apparaître une nouvelle vague de massification des fournisseurs : pour pouvoir bénéficier de budgets intéressants (via l’industrialisation) tout en ne dégradant pas la valeur ajoutée apportée, les entreprises risquent d’attribuer de plus gros « blocs » de leurs budgets à moins de fournisseurs. Cela induit que les plus gros fournisseurs sont dans une position favorable pour gagner des parts de marché en se positionnant sur de grands contrats adressant les deux problématiques : transformation numérique et optimisation des budgets (automatisation des opérations, standardisation / consolidation, cloudification…).
Dans le secteur des transports, les compagnies aériennes européennes ont immobilisé la majorité de leurs flottes au sol et la baisse des revenus implique la nécessité de renforcer le contrôle des coûts dans tous les domaines de l’activité, les technologies de l’information ne faisant pas exception. Dans la mesure où le secteur des services couvre un large éventail d’entreprises, il est évident que certaines parties de ce secteur sont fortement affectées : l’hôtellerie, le tourisme et les loisirs, entre autres. Une grande partie des PME de ce secteur sont vulnérables à l’impact sur la trésorerie à court terme et, pour de nombreux sous-segments, les restrictions actuelles des voyages et des rassemblements auront pour conséquence que la reprise sera longue.