La Commission européenne a tranché, et suivi les attentes de Paris et Berlin, malgré l’opposition des écologistes et des ONG : le nucléaire et le gaz, reconnus utiles à la transition vers l’objectif zéro carbone en 2050, rejoignent la taxinomie qui leur permettra d’intégrer la liste des investissements verts, et pourront bénéficier des financements durables.
Pour une fois, la Commission européenne a fait preuve de pragmatisme et résisté aux pressions en dévoilant un ‘acte délégué’ qui place le nucléaire et le gaz dans la taxonomie qui va servir à définir la future liste des investissements verts. C’est cet outil qui va canaliser l’investissement privé vers la finance durable, c’est à dire considérée comme répondant aux objectifs de neutralité carbone pour 2050.
En Allemagne, avec les projets de remplacement temporaire des centrales charbon par des centrales gaz, et en France, pour soutenir la filière nucléaire, la labellisation investissement vert va non pas garantir l’accès aux financements verts, mais permettre aux banques et organismes financiers de procéder à ces financements avec une validation en réponse aux oppositions des ONG et des écologistes.
Si le décret de la Commission européenne apporte une bulle d’air à la filiale nucléaire française, il ne résout pas pour autant l’avenir du secteur. D’abord, en considérant le nucléaire comme une technologie de transition, il limite son appui à l’échéance zéro carbone de 2050. Le gaz allemand est mieux loti, l’échéance de la filière est la même que celle de l’Europe. Dans les deux cas, ces énergie devront céder leur place aux énergies renouvelables… quand elles seront prêtes.
La Commission a également alourdi les règles d’éligibilité à la taxonomie sur le nucléaire, dont l’obtention des permis de construire avant 2040 pour la modernisation des équipements en place et 2045 pour les nouveaux réacteurs, et l’usage de combustibles résistants à des températures très élevées dès 2025, ces derniers étant encore en cours d’expérimentation.
Reste également une question à régler, celle des mini-réacteurs nucléaires (SMR) dont les technologies ne seront certainement pas exploitables avant 2035, voire 2045…
Pour les datacenters, la France et son électricité nucléaire resteront une destination favorable pendant quelques quelques années encore. Qu’en sera-t-il après 2040 et 2050 ?