Avec environ 2,9 gigawatts de capacité résultant des nouveaux datacenters actuellement en construction, des préoccupations croissantes apparaissent concernant les ressources que les datacenters consomment. C’est la raison pour laquelle les experts de Vertiv prédisent une approche beaucoup plus ciblée en matière de durabilité en 2022.
Expert - par Rafael Garrido, Vice-président de Vertiv LATAM
Certaines organisations de datacenters ont fait de la durabilité une priorité pendant des années, mais divers exemples d’opposition du public à la suite de la construction de nouveaux datacenters ont conduit à un engagement à l’échelle de l’ensemble du secteur en faveur de pratiques plus durables, y compris des initiatives neutres en matière d’eau et sans émission de carbone.
L’impact durable des hyperscalers
Ces dernières années, nous avons vu des organisations hyperscale déployer des mesures ambitieuses en vue d’atteindre leurs objectifs en matière de neutralité carbone et en eau dans un avenir proche. Google a annoncé son objectif d’employer uniquement des sources d’énergie sans carbone d’ici 2030, tandis que Microsoft s’est fixé un objectif ambitieux d’être négatif en carbone et positif en eau à la même date. Pour rendre cela possible, davantage d’organisations devront s’appuyer sur des solutions numériques associant la consommation d’énergie à une énergie 100% renouvelable et qui, au final, fonctionnent uniquement avec de l’énergie durable. De tels systèmes d’énergie distribués hybrides peuvent fournir à la fois une alimentation AC et DC, offrant ainsi plus d’options pour améliorer le rendement et, au final, permettant aux datacenters de fonctionner sans carbone.
Pour les fournisseurs de colocation, il existe des motivations financières supplémentaires concernant l’intégration de solutions plus durables. Si les colos souhaitent attirer des hyperscalers de grande envergure, tels que Amazon Web Services, Google ou Meta, ils devront répondre à des exigences agressives en matière de durabilité, de rendement et d’optimisation. Pour rendre cela possible, certaines colos passent du diesel aux groupes électrogènes à hydrogène ou déploient des batteries longue durée, utilisent de l’énergie renouvelable en tant que source d’énergie principale, et essaient de fonctionner uniquement avec de l’énergie renouvelable produite localement.
Le besoin d’unité et de collaboration entre les différents acteurs
L’un des plus grands défis à relever pour rendre les datacenters plus durables sera d’impliquer non seulement les opérateurs de datacenters et les fournisseurs d’infrastructure, mais aussi les urbanistes. Ces acteurs devront travailler ensemble afin que le datacenter se situe au cœur de l’infrastructure de leur région, en tirant potentiellement parti d‘énergies renouvelables produites sur site et du stockage d’énergie pour le datacenter afin de soutenir et stabiliser le réseau. La chaleur résiduelle provenant du datacenter, qui est largement perdue dans l’air, pourrait également être utilisée pour chauffer des chaudières et des sites à proximité, ainsi que pour réduire leurs besoins énergétiques.
Les technologies font la différence en 2022
L’adoption d’une approche plus délibérée en matière de durabilité en 2022 entraînera une adoption plus généralisée des piles à combustible, d’actifs renouvelables et de systèmes de stockage d’énergie à longue durée de vie, ceci incluant les systèmes de stockage d’énergie par batterie (BESS) et les batteries lithium-ion.
Pendant des années, le scepticisme entourant la recyclabilité des batteries lithium-ion a quelque peu ralenti l’adoption, mais l’annonce d’une expansion majeure de l’infrastructure de recyclage du lithium-ion en Amérique du Nord, et l’émergence de plusieurs entreprises obtenant d’importants financements publics et privés pour le recyclage du lithium-ion sont en train de lever l’un des rares obstacles restants à l’adoption généralisée des batteries lithium-ion. Une fois que la logistique du recyclage sera devenue plus accessible, les entreprises pourront contribuer positivement aux objectifs de durabilité en détournant les batteries des décharges classiques.
Des inquiétudes subsistent quant à la consommation d’eau dans les datacenters, en particulier dans les zones touchées par la sécheresse. Les organisations qui tentent de réduire leur WUE (« water usage effectiveness », efficacité d’utilisation de l’eau) peuvent compter sur des systèmes de refroidissement qui n’utilisent pas d’eau et ayant le potentiel d’économiser des milliards de litres par an. En outre, les réfrigérants à potentiel de réchauffement global (PRG) élevé seront probablement éliminés d’ici 2030 et remplacés par des équipements utilisant des réfrigérants à faible PRG.
Ne vous y trompez pas : décrire ces stratégies et les mettre en œuvre sont deux choses totalement différentes. Un travail et une collaboration intenses entre les leaders du secteur et l’ensemble des parties prenantes seront requis pour rendre cela possible. Mais avec l’arrivée de nombreuses solutions innovantes, l’écart entre l’idée et l’adoption continue de se réduire.