Par Raj Hazra, vice-président senior de Micron chargé des produits émergents et de la stratégie d'entreprise
2021 commence avec un contexte mondial inédit et un bouleversement profond de la manière dont le travail et donc les ressources informatiques sont organisées. De nombreux changements, induits par la crise sanitaire ont déjà profondément modifié les infrastructures IT. Heureusement l’épidémie n’est pas le seul moteur qui propulse la transformation. Des innovations technologiques majeures vont se généraliser et servir de socle aux datacenters du futur.
La pandémie a permis de vérifier des hypothèses en catalysant la transformation numérique. L’explosion de la vidéoconférence et des outils de collaboration instantanés en général a mis les problématiques de data streaming sur le devant de la scène. D’une certaine manière, la pandémie a aussi réduit la frilosité des décideurs. Confrontés à des changements rapides et forcés, beaucoup de DSI ont augmenté leur tolérance au risque et ouvert la voie à des technologies moins maîtrisées et notamment l’IA et l’autoapprentissage.
En 2021, la prévalence du travail à distance – même post-pandémique – continuera sans doute de faire grandir les attentes en matière de capacités des clouds publics ou privés. On peut penser que cela suscitera un intérêt sans précédent pour les systèmes composables désagrégés, afin d’éviter le gaspillage des ressources dans un environnement surdimensionné. Cette tendance à la rationalisation des ressources sera essentielle pour réduire l’impact environnemental croissant des systèmes IT. On prévoit déjà que les technologies de l’information et de la communication utiliseront 20 % de l’électricité mondiale d’ici 2030. Les entreprises cherchent davantage à intégrer le développement durable dans leur stratégie commerciale et à réduire les coûts d’exploitation pour les charges de travail à forte intensité de calcul, telles que l’IA et le HPC. La demande en mémoire et en stockage à haut rendement énergétique sera sans doute tractée par cette tendance.
Les frontières entre la mémoire et le stockage vont s’estomper.
En 2021, l’AI as-a-Service va se généraliser, l’intelligence va migrer vers la périphérie et la 5G va définitivement prendre son essor. Cela va entraîner des changements fondamentaux dans la façon dont les serveurs sont architecturés. La mémoire s’étendra sur plusieurs zones et deviendra une ressource partagée. Il est possible que la frontière entre le stockage et la mémoire devienne très fine. Des NAND plus rapides permettront de faire office de mémoire.
À mesure que les demandes autour du traitement et du stockage des données se complexifient, les entreprises se demanderont : « Pouvons-nous obtenir de la mémoire avec la moitié de la puissance de la DRAM » ou « Pouvons-nous obtenir de la mémoire avec une interface différente pour la mettre en commun entre les serveurs » ? Le véritable intérêt réside dans l’innovation au-delà des processeurs et des GPU. En 2021, nous verrons les entreprises commencer à rechercher de nouveaux types de solutions, comme la mémoire de classe stockage et la virtualisation de la mémoire, pour répondre à ces besoins évolutifs.
Nous assisterons également à des changements radicaux grâce au CXL (Compute Express Link), la nouvelle norme qui modifie la façon dont les plateformes sont architecturées en connectant la mémoire, les dispositifs d’E/S et les dispositifs de calcul. Avec l’adoption généralisée de la norme CXL dans les datacenters au cours des deux prochaines années, les nouvelles architectures de vos serveurs, de votre stockage et de votre réseau feront passer 2020 pour archaïques. Le CXL va réinventer le centre de données : Comme vous n’êtes plus contraints par les canaux de mémoire des serveurs physiques, le CXL offrira une capacité ultra-élevée et rentable, réduisant la complexité des processeurs et permettant une plus grande largeur de bande.