Michael Tobin, le fondateur de Telecity Group, et Gary Wojtaszek et Kevin Timmons, ex CEO et CTO de CyrusOne, viennent de lancer pour le premier et de rejoindre pour les autres des SPAC, des ‘entreprises de chèques en blanc’. Mais que vont-ils faire dans des SPAC ?
Les SPAC (Special Purpose Acquisition Company) sont des sociétés écrans cotées en bourse, sans activité commerciale ni généralement de cible déclarée, qui se financent par la vente d’action ‘en blanc’ dans une IPO (Initial Public Offering), dans le seul but d’acquérir ou de fusionner avec une ou plusieurs entreprises privées en exploitation, ce qui permet à ces dernières d’être cotées dans un délai plus rapide et en évitant les processus et les flottements d’une introduction en bourse standard.
Une SPAC repose sur la confiance de ses actionnaires dans ses fondateurs et gestionnaires. Car dans une SPAC, considérée comme un véhicule d’investissement, l’investisseur ne sait pas exactement où vont aller les fonds levés par la société, sauf qu’elle va investir dans un certain type d’entreprises ou de secteurs.
Le concept de SPAC – aussi appelée ‘entreprise de chèques en blanc’ (blank check companies) – n’est pas nouveau. Par contre il est devenu ces dernières année une tendance en vogue dans le monde de l’investissement.
- Il y aurait eu plus de 240 introductions en bourse de SPAC en 2020, pour 83,4 milliards de dollars levés, soit plus que les cinq années précédentes combinées.
- Pour ce seul mois de janvier 2021, SPAC Alpha a dénombré plus de 100 fusions ou De-Spac, et 134 introductions en bourse de SPAC.
- Et 26 milliards de dollars d’actions vendues en IPO.
Les SPAC s’intéressent aux IT et bientôt aux datacenters
Jusqu’à présent, dans les IT le phénomène SPAC a principalement touché des domaines adjacents aux infrastructures, à savoir le solaire, l’énergie, et les semi-conducteurs, ainsi que les start-ups de la finance (fintech) et de la santé. Le milliardaire Richard Branson, par exemple, a créé VG Acquisition Corp., une SPAC qui a fait l’acquisition il y a quelques jours et pour 3,5 milliards de la dollars la société 23andMe Inc., qui réalise des test ADN grand public.
En l’espace de quelques jours deux mouvements humains vers les SPAC ont peut-être donné le signe d’un nouvel intérêt moins pour les datacenters à cet instant que pour les acteurs de l’énergie à destination des datacenters.
Le premier concerne Gary Wojtaszek et Kevin Timmons, qui il n’y pas si longtemps étaient le CEO et le CTO de CyrusOne. Ils ont rejoint, directement ou en experts investisseurs, ce n’est pas encore très clair, la SPAC PE InterPrivate, une nouvelle société d’acquisition qui se concentre sur l’infrastructure numérique. La SPAC, qui cherche à lever 600 millions de dollars, a créé trois sociétés – InterPrivate II, III et IV – qui cibleront les entreprises technologiques et les fintech.
L’autre mouvement que l’on ne peut ignorer, Michael Tobin, le fondateur de Telecity Group, est en pourparlers pour lever 200 à 300 millions d’euros pour sa société Crystal Peak SPAC, basée à Amsterdam. Rupert Robson et Seth Schelin, les dirigeants de la banque d’investissement axée sur les entreprises technologiques Torch Partners, figurent parmi ses associés.
L’exemple de Crystal Peak SPAC est assez emblématique des pratiques des SPAC : la société de Michael Tobin propose des actions à 10 euros pièce et vise à finaliser une acquisition technologique dans les 24 mois… Ce que l’on retiendra également, c’est qu’il s’agit de la première SPAC en Europe, seuls les Etats-Unis et la place boursière de New York ayant été concernés par le phénomène jusqu’à présent.
Autre signe fort pour l’Europe, Michael Tobin n’a pas choisi la place de Londres pour lancer son opération, mais la place d’Amsterdam. Qui pour la première fois en janvier a dépassé Londres en terme d’échange d’actions, Brexit oblige.
A quand le premier datacenter ciblé par une SPAC ? Après les investisseurs immobiliers, les SPAC devraient suivre…