Source : DigitalInfra Network - Auteur : Jean Booth, DG de Carbon3IT
En 2017, les données collectées dans le cadre du second rapport Climate Change Agreement for Data Centres consacré aux datacenters britanniques révèlent qu’ils ont utilisé 2,579 TWh, soit 0,79% de la production totale d’énergie au Royaume-Uni. Soit durant la période 339 TWh ou seulement 0,285% d’énergie primaire (charbon/gaz, etc.).
A la lecture de ces chiffres, nous aurions vite fait de crier à l’engagement et aux résultats positifs du secteur… Les datacenters britanniques consommeraient moins de 1% de l’énergie électrique produite au Royaume Uni ! C’est cependant loin d’être la réalité.
Rappelons tout d’abord que le rapport ne concerne que les datacenters de colocation, qui sont certainement les plus vertueux de l’écosystème, contraints de publier leurs résultats mais surtout de réduire continuellement leurs coûts, ce qui passe inévitablement par la première composante de la facture : l’électricité.
Quid des datacenters et salles informatiques privés ?
Confinée à un seul segment du secteur des centres de données, à savoir celui de la colocation professionnelle, l’étude exclue tous les datacenters privés d’entreprise, les salles et les armoires de serveurs, les fournisseurs de réseau et télécoms, ainsi que le secteur public.
L’auteur de la mise au point utilise l’exemple de la consommation énergétique du secteur automobile qui ne retiendrait que les chiffres de la F1 pour en faire un chiffre global…
Il s’est donc livré à un exercice de recherche sur la base d’une salle serveurs moyenne accumulant 50 équipements et coûtant environ 57 000 £ par an pour fonctionner. Puis il a multiplié l’évaluation de sa consommation énergétique par le nombre d’entreprises enregistrées au Royaume-Uni, 33 000 entre 50 et 250 employés, et 7 000 de plus de 250 employés. Soit donc 40 000 salles de serveurs, chiffre qu’il a ensuite doublé pour prendre en compte les usages du secteur public, gouvernement, administrations, agglomérations et communes, écoles et hôpitaux.
Ces 80 000 salles de serveurs ont utilisé 38,54 TWh, soit 41,11 TWh si l’on ajoute la consommation des datacenters de colocation, ce qui représente 12,13 % de l’énergie générée au Royaume-Uni en 2017, et a coûté entre 4 et 6 milliards de livres sterling (selon tarif).
Même en admettant que la méthode est loin d’être empirique – et certainement loin de la réalité qui est probablement inférieure au calcul proposé – et donc attaquable à tout point de vue, on est malgré cela loin, très loin des moins de 1% annoncés par le rapport et des 2 à 3 % généralement retenus au niveau mondial. Et catastrophique côté CO2 !
D’ailleurs, qu’en serait-il si l’on appliquait la méthode de calcul aux datacenters en France et dans le monde ?