Par Claire Kago, Sales & Business Development Manager France chez Paessler AG
Le cloud s’impose chaque jour un peu plus dans le paysage IT, générant des systèmes hybrides qui complexifient la visibilité sur l’ensemble des infrastructures. La supervision doit donc s’adapter pour apporter de la clarté.
Pour prendre un peu de recul sur les technologies qui font le buzz actuellement, comme l’Intelligence Artificielle (IA) ou l’Internet des Objets (IoT), il est utile de jeter un coup d’œil aux précédents sujets d’emballement médiatique et de se poser des questions sur les promesses qui ont été faites, ce qui en est ressorti au final, et si tout cela était réellement utile. Le Cloud Computing est un bon exemple à étudier car il a traversé le cycle de la hype et il progresse désormais sur la courbe d’adoption (si l’on en croit Gartner). Quelle est la réalité actuelle du cloud, comment a-t-il changé les règles du jeu, vers quoi se dirige-t-il et comment peut-il être supervisé ?
Un business en plein boom
Après avoir survécu à sa phase d’emballement, le cloud est aujourd’hui reconnu comme un concept viable et il génère maintenant des revenus imposants. Toujours selon Gartner, les dépenses IT pour les services d’infrastructure reposant sur le cloud augmenteront de plus de 23 milliards de dollars d’ici 2021. Et une chose est certaine : peu importe qui est entré en premier sur le marché, ce sont les grands acteurs comme Amazon ou Microsoft qui ont récupéré une bonne part du gâteau.
La façon de penser des décideurs par rapport à cette technologie a également évolué. Il ne s’agit plus de se demander « faut-il passer au cloud ? » mais plutôt « à quel cloud passer ? ». Ce qui ne veut pas seulement dire quel fournisseur de services cloud choisir, mais aussi se décider entre cloud public et cloud privé. Actuellement, nous assistons d’ailleurs à une migration (estimée à 5%) de certains services du cloud public vers le cloud privé, probablement parce que ces services n’auraient pas dû être localisés dans le cloud public au départ.
Le cloud n’est pas la destination
Un autre aspect est devenu clair, c’est que le cloud n’est pas une fin en soi, comme cela pouvait sembler être le cas au pic du buzz, mais plutôt un moyen de fonctionnement. Au milieu du battage médiatique, il semblait en effet qu’il fallait soit rester sur site (on-premise) ou bien adopter le cloud en déplaçant tout dedans. Pourtant, il semble évident aujourd’hui qu’il s’agissait d’une fausse dichotomie : l’enjeu n’est certainement pas d’opter pour l’un ou l’autre.
La question que de nombreuses entreprises se posent désormais n’est pas « comment accéder au cloud ? » mais plutôt « comment le cloud peut-il soutenir mon activité ? ». Il s’agit d’un basculement important qui change la façon dont les solutions sont conçues et construites. Cela induit d’examiner de près tous les services nécessaires, pour décider ensuite de ceux qui peuvent être exécutés dans un cloud public, dans un cloud privé ou bien dans une architecture traditionnelle sur site. Des critères tels que la mise à l’échelle requise pour ces services, les middleware utilisés pour les parties mobiles et la sécurité sont autant de facteurs qui jouent un rôle dans le choix des éléments à placer dans le cloud.
L’environnement hybride
Lorsque certains éléments et services de l’infrastructure sont positionnés dans le cloud et que d’autres restent sur site, on se retrouve avec une infrastructure hybride. Et il s’agit bien de la réalité de la majorité des infrastructures IT d’aujourd’hui.
Fondamentalement, le « on-premise » ne va donc pas disparaître. De nombreuses entreprises qui ont besoin de données locales pour des tâches de production souhaitent les stocker localement, peut-être en raison de problèmes de bande passante ou simplement parce qu’elles ne veulent pas placer leurs données de production dans un cloud public. Pour les institutions financières, les données sont extrêmement sensibles et sont donc conservées sur site pour des raisons de sécurité. Et bien qu’une grande partie du traitement de données soit local dans ce type de cas, bon nombre de ces entreprises envoient également des données dans le cloud pour analyse, après les avoir anonymisées.
Tout cela se traduit par des environnements hybrides modernes de plus en plus complexes avec des services et des données dans le cloud public, d’autres dans des clouds privés et généralement des outils d’orchestration pour les relier les uns aux autres. Le réseau est l’un des plus grands contributeurs à la complexité car il est en constante évolution. À mesure que les fournisseurs de services cloud modifient les fonctionnalités existantes ou introduisent de nouveaux services, les entreprises sont obligées de revoir leurs propres architectures et infrastructures pour rester en phase avec les changements.
Cette nouvelle complexité a un effet sur la résolution des pannes car il est plus difficile pour l’administrateur IT de localiser l’origine du problème.
La supervision suit la tendance
En raison du paysage actuel constitué d’environnements variés et d’infrastructures hybrides, la supervision doit s’adapter. Les principes de supervision qui existent depuis plusieurs décennies ne sont plus suffisants (bien qu’ils soient toujours valables pour les infrastructures traditionnelles). Pour comprendre exactement comment la supervision doit s’adapter, il faut d’abord examiner comment la situation IT actuelle change la façon de superviser.
Premièrement, les principes de supervision traditionnels s’appliquent toujours aux réseaux et aux équipements locaux classiques, comme les routeurs, les switchs, les serveurs, etc. Pas de changement sur ce point. Deuxièmement, il est possible de superviser les services exécutés dans un cloud public à l’aide des outils et mesures proposés par le fournisseur de services. Jusque-là, tout paraît assez simple. Mais la réalité, c’est que les environnements contiennent des technologies disparates avec des services fonctionnant probablement dans plusieurs clouds, et c’est cela qui créé un véritable niveau de complexité pour la supervision.
Alors comment répondre aux nouveaux besoins et exigences en matière de supervision ?
Supervision du cloud
Étant donné que les fournisseurs de services cloud proposent déjà leur propre supervision, les logiciels de supervision réseau n’ont pas besoin de se concentrer sur ces services. En revanche, il appartient à l’équipe IT de décider quelles mesures ont le plus de valeur et de trouver un moyen de les contextualiser. Le point clé est alors d’éviter de devoir se connecter indépendamment à chaque service de fournisseurs pour obtenir des données.
Un tableau de bord unique
Avec des mesures provenant de plusieurs sources différentes, la bonne stratégie est de construire une vue unique regroupant tous les éléments clés de l’infrastructure. Ce qui signifie recueillir des données, les agréger puis les afficher dans un seul tableau de bord qui montre une vue unifiée de l’ensemble de l’infrastructure. L’objectif de cette approche ne sera pas de produire une vue sur chaque élément de l’infrastructure mais plutôt de collecter les mesures les plus importantes en un seul endroit.
Adopter les API REST
En raison de son omniprésence historique, SNMP est le protocole de référence pour la supervision des appareils et matériels, et encore aujourd’hui, presque tous les éléments d’une infrastructure IT sont accessible via SNMP. Cependant, avec l’avènement des services cloud et des appareils IoT, ce protocole ne devrait plus être la norme de facto à l’avenir.
Au contraire, une transition vers les API REST devrait s’opérer et cela pour diverses raisons. D’une part, les services exécutés dans le cloud peuvent être interrogés à l’aide de ce type d’API. D’autre part, de plus en plus de fabricants de matériels proposent une API REST permettant d’obtenir des données sur l’état et le fonctionnement de l’appareil. Par ailleurs, l’utilisation de l’API REST pour la supervision des équipements et des services présente l’avantage de pouvoir récupérer les données dans la vue unifiée mentionnée plus haut.
La clarté après le buzz
Maintenant que la hype autour du cloud semble s’être tassée, nous y voyons plus clair sur ce qu’il peut et ne peut pas faire, ainsi que sur la meilleure façon d’utiliser ses avantages. Avec cette clarté vient une meilleure compréhension de la manière de le superviser. L’adoption du cloud et son intégration dans les infrastructures IT actuelles augmenteront au cours des prochaines années et il deviendra de plus en plus important de trouver des moyens de regrouper les technologies, les plateformes et les services disparates en une vue unique.