La Commission européenne veut imposer 5 ans de support pour les systèmes mobiles et la disponibilité des pièces détachées, un peu plus pour les tablettes. Les constructeurs devront ainsi disposer des pièces de rechange sur plusieurs années à des prix raisonnables (terme très vague) et rapidement disponibles (en 5 jours maximum). L’Allemagne propose de porter ces obligations à 7 ans, minimum.
Bien entendu, les constructeurs n’accueillent pas favorablement ces propositions. Ils veulent bien supporter les modèles durant 2 ans (pour les mises à jour) et 3 pour les patchs de sécurité. D’autre part, ils considèrent que la liste des composants disponibles devrait être limitée. L’argument est que de nombreux composants ne tombent pas en panne. Les écrans et les batteries sont les deux modules les plus critiques au quotidien. Ce qui n’est pas forcément faux. La carte mère, le SoC tombent rarement en panne.
Pour l’Europe, et l’Allemagne donc, il s’agit de lutter contre l’obsolescence matérielle et inciter les utilisateurs à garder les smartphones plus longtemps. Depuis 2007, la logique du marché du smartphone est tout autre : avec un cycle d’évolutions tous les ans, même si aujourd’hui certains constructeurs sont sur des cycles de 18 mois. C’est un cercle sans fin entre la demande des utilisateurs et les constructeurs qui proposent toujours plus.
Le support système sur plusieurs générations anciennes est parfois un casse-tête pour les développeurs et les ingénieurs car les SoC, les processeurs dédiés sont parfois très différents. Il n’est pas toujours simple de disposer des mêmes fonctionnalités sur 3 ou 4 générations de smartphone. Soit, les fonctionnalités ne sont pas disponibles, soit en usage dégradé. Si nous prenons les caméras, les performances de processeurs de traitement ont fait des bonds considérables en quelques années et les traitements logiciels s’appuient sur les processeurs de machine et de deep learning. Ces composants ne sont pas forcément disponibles sur les anciennes générations qui affichent beaucoup moins de performances.
Techniquement, le support de x générations de matériels est possible mais cela compliquera le travail des développeurs et on peut s’attendre à des fonctionnalités manquantes et une utilisation dégradée. D’autre part, la logistique des pièces détachées est un autre défi.
Lutter contre le gaspillage électronique ainsi que l’obsolescence programmée est une obligation. Mais il faut trouver un équilibre entre les visions, forcément opposées, entre les Etats et les constructeurs. L’Europe ne peut agir seule.