Décryptage – Les 7 propositions de France Datacenter pour la Présidentielle 2022

Une première pour France Datacenter, une conférence de presse s’est tenue lundi dernier pour dévoiler les 7 propositions de l’association pour la Présidentielle 2022. Au delà des propositions – Lire « France Datacenter présente ses 7 propositions pour la Présidentielle 2022 » -, voici ce qui s’est dit dans le cadre de la conférence.

La volonté d’interpeller les candidats à la présidentielle sur le numérique

France Datacenter entend rappeler tout d’abord que le numérique est la diversité, mais que le datacenter reste le socle du numérique. « Il n’y a pas de numérique sans datacenter, a affirmé Olivier Micheli, président de France Datacenter et de Data4. Et nous avons de plus en plus besoin du datacenter en récipiendaire des données. Le datacenter est une industrie capitalistique qui ne se délocalise pas, et qui donc porte la souveraineté« .

La question de la souveraineté a soulevé quelques interrogations, la presse présente s’interrogeant sur le positionnement de certains géants américains du datacenter sur le marché européen…

Axe 1 – L’environnement

C’est Olivier Micheli qui a porté cet axe à notre connaissance. L’occasion de rappeler que la centaine de membres de l’association a été consultée pour élaborer les propositions, et que pour 70% d’entre eux l’environnement s’est placé en tête des attentes. « Cela fait plus de dix ans que toute la filière y travaille, c’est un sujet sociétal« .

Ainsi l’association se félicite que le PUE des plus récents datacenters est de l’ordre de 1.3, et qu’il évolue vers 1.2. Elle pousse à investir dans les PPA (Purchase Price Allocation) pour participer au financement des projets de production d’énergies renouvelables. Et elle pousse à « travailler sur l’ensemble du cycle de vie du datacenter« . France Datacenter a adhéré à l’European Data Center Act : « Le datacenter est un levier de la transition écologique, dont le cadre français doit s’inscrire dans le cadre européen de la filière« .

Axe 2 – Favoriser un développement harmonieux des datacenters

Autre axe évoqué, France Datacenter entend favoriser « un développement harmonieux des datacenters en France« . Pour Fabrice Coquio, « C’est un enjeux de restituer le temps long face à une échéance politique à 5 ans et à l’explosion de la création de données, de 140% par an« . Le président d’Interxion France – Digital Realty, évoque la concentration des datacenters sur des zones urbaines denses considérée comme une nécessité.

Parmi les propositions que multiplient les représentants de la majorité des secteurs d’activité, l’association suit celle de numeum, la création d’un ministère de droit sur le numérique, ou tout du moins d’un secrétariat du numérique pour assurer la transversalité. Et de regretter l’absence d’un code APE sur le datacenter, qui rend par exemple difficile la consolidation de statistiques sur le secteur. Pour Olivier Micheli, « Nous devons améliorer la compréhension des enjeux du datacenter et travailler la pédagogie pour accroître les compétences. Par exemple en créant une conférence annuelle sur les enjeux du datacenter et en favorisant la coordination sur les administrations« .

Fabrice Coquio appelle quant à lui à une programmation urbaine, comme aux Pays Bas, aux USA ou en Espagne (où la ville de Madrid a réservé 700 hectares aux projets de datacenters). « Comment programmer un développement harmonieux ? En suivant l’exemple d’Ashburn, qui associe rationalisation et simplification administrative. Nous aspirons à un guichet unique pour traiter toutes les demandes« .

Interpellé sur la question de la souveraineté numérique, Fabrice Coquio tient à rappeler que « le premier point porte sur l’hébergement. Le domaine du datacenter n’est pas soumis à l’extraterritorialité« . Mais ce discours à du mal à convaincre les journalistes présents.

Axe 3 – L’emploi

Régis Castagné, président d’Equinix France, rappelle avec justesse que ‘Un datacenter, ce sont d’abord des hommes et des femmes (…) Il propose des emplois pérennes et non délocalisables« . Certes, mais la filière manque de bras compétents ! « Nous devons créer des formations, une filière diplômante« . D’où viennent les difficultés de recruter des techniciens et des ingénieurs qualifiés ? Il évoque la tension sur le numérique.

Fabrice Coquio constate que « la filière va investir dix fois plus que les années précédentes. Nous devons aligner les cursus de formation, qui sont un levier d’inclusion et de réorientation« . Il souligne la criticité du datacenter, qui nécessite de passer aux 3 / 8, soit de recruter 6 personnes pour un poste. « Et un technicien gagne plus qu’un codeur« .

Interpellés sur la capacité de la filière, la gène des membres du conseil d’administration de France Datacenter est réelle. Le secteur manque d’information, la revendication est mal documentée… Olivier Micheli avance le chiffre de 40 000 emplois à pourvoir, sans pouvoir valider ce chiffre, et un doublement des emplois à deux ans, ce qu’il maîtrise mieux par la connaissance des projets de colocation. Et Fabrice Coquio, s’appuyant sur la construction des datacenters d’Interxion, de rappeler les centaines d’emplois sur les chantiers…

Notre commentaire

Les propositions de France Datacenter pour la Présidentielle 2022 sont comme les élections, politiques. Sans surprise. Elles relèvent d’un secteur riche, comme ses représentants qui sont à la tête des trois plus grands acteurs du datacenter en France. On peut leur reprocher cet aspect politique, concentré sur Paris et Marseille. Loin des territoires, des petits datacenters locaux ou régionaux, des acteurs de la construction et des services aux datacenters, des attentes sur la souveraineté, et des appels à la commande publique. Mais soyons réalistes, à la différence de certains secteurs industriels sensibles, le datacenter est loin d’attirer l’attention de nos politiques. Il reste un long chemin à parcourir, France Datacenter fait un premier pas…