Google accuse les régulateurs irlandais d’envoyer de « faux signaux » avec le moratoire sur la construction de nouveaux datacenters, qui rend « impossible » de nouveaux investissements. Il affirme que tout moratoire devrait être évité « à tout prix« .
En Irlande, les datacenters consomment déjà 10% de la production et de l’approvisionnement en électricité du pays. Une part qui pourrait être portée à 30% en 2030, ce qui entraînerait potentiellement des pannes de courant et rendrait impossible d’atteindre les objectifs de décarbonisation du réseau avec 80% de l’électricité du pays provenant de sources renouvelables (en imposant par exemple la construction de centrales à gaz et à combustibles fossiles pour répondre à la demande des datacenters).
Eirgrid, l’opérateur public irlandais de transport d’électricité – réagissant à demande de la Commission de réglementation des services publics et sous la pression politique des sociaux-démocrates au parlement et de l’association People Before Profit -, a imposé le mois dernier un moratoire de facto sur les nouveaux développements de datacenters dans la grande région de Dublin. Les nouvelles demandes de connexion au réseau seront analysées au cas par cas afin de limiter leur impact, et cela possiblement jusqu’en 2028.
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Les politiciens irlandais n’interdisent pas la construction de datacenters, ils invitent à leur construction dans l’ouest du pays, plus près des sources d’énergies renouvelables. Ce que refuse Google et ses confrères, qui privilégient la proximité avec Dublin, principal centre économique d’Irlande et plus proche de la Grande-Bretagne.
AWS avait déjà réagi en accusant l’Irlande de ne pas avoir anticipé la situation ni saisi les opportunités de disposer des infrastructures d’approvisionnement en énergie nécessaires au développement de ses investissement dans le pays.
Après les avertissements, Google a proposé aux autorités irlandaises une solution plus originale, et certainement pas désintéressée, avec un nouveau système tarifaire : maintenir les tarifs (et accepter les investissements futurs) pour les datacenters qui se placent dans leurs engagements de consommation d’énergie ; et en contre-partie facturer plus lourdement ceux qui ne les respectent pas ou évoluent trop lentement vers leurs objectifs.
Pour résumer, Google entend continuer de profiter des facilités fiscales accordées par l’Irlande et pouvoir investir pour s’y développer, et dans le même temps profiter d’une garantie d’approvisionnement tout en pénalisant ses concurrents qui n’auraient pas la même force de consommation. Drôle de proposition pour résoudre une problématique dont il est l’un des responsables…