Même en pleine canicule, les datacenters doivent respecter les engagements pris auprès de leurs clients de maintenir leur informatique à un certain niveau de température. Les systèmes de climatisation fonctionnent à plein pour respecter ces engagements – accompagnés de sanctions financières en cas de non-respect -, quitte à déployer des stratégies porteuses de risques, comme des hommes avec des tuyaux d’arrosage sur les toits…
Bloomberg a révélé que, pour affronter les températures caniculaires et éviter l’effondrement des clims, à l’image des datacenters de Google Cloud et d’Oracle Cloud à Londres (lire notre article « La canicule a eu raison du refroidissement d’un datacenter de Google à Londres (et d’Oracle Cloud)« ), de nombreux datacenters britanniques ont déployé du personnel et des tuyaux d’arrosage sur les toits afin de pulvériser de l’eau sur les unités de climatisation.
Pour affronter la surchauffe des équipements de climatisation, en particulier dans les zones urbaines, les exploitants britanniques n’ont pas hésité à engager un arrosage d’urgence sur et autour des serpentins afin d’abaisser la température et de continuer de dissiper la chaleur.
On peut certes considérer cette pratique comme une mesure d’urgence, mais il est à craindre que ce soit une mauvaise idée. D’abord parce que ces équipements n’ont pas été conçus pour supporter des interventions humaines extérieures hors de leur maintenance, interventions qui de plus sortent de la compétence et des usages de sécurité des équipes du datacenter.
Autre remarque, la plupart de ces datacenters de conception ancienne consomment beaucoup d’eau : un supplément de consommation leur sera reproché. Pour l’image également des datacenters, dégradée par leurs nombreux opposants, la pratique risque d’être dénoncée.
Mais c’est surtout sur un plan technique que cette pratique porte des risques. En particulier la qualité de l’eau d’arrosage n’est pas celle de l’eau traitée pour les équipements d’évaporation des systèmes de refroidissement. Les experts du refroidissement évoqués par Bloomberg, qui par ailleurs confirment la pratique chez certains de leurs clients sans les dénoncer, craignent un fort risque de raccourcissement de la durée de vie de ces équipements.
Il faut certes se protéger des risques thermiques liés aux grandes chaleurs, mais il ne faut pas que cela entraîne d’autres risques, peut-être plus grands encore. Il n’est pas certain que les exploitants britanniques de datacenters qui ont mis des hommes sur les toits avec des tuyaux d’arrosage aient réellement mesuré les risques encourus