L’edge computing, facteur de compétitivité pour les entreprises ?

Par Nelson Petracek, Directeur technique de TIBCO Software

Selon le portail mondial de statistiques Statista, d’ici 2025, 75 milliards de dispositifs liés à l’Internet des objets seront installés à travers le monde. Il va sans dire que les quantités de données brutes renvoyées par l’ensemble de ces appareils – thermomètres, tensiomètres et autres caméras de sécurité – formeront des goulets d’étranglement au niveau des infrastructures IT. Si les responsables informatiques n’assurent pas, dès à présent, une circulation fluide de la donnée, la valeur potentielle de leurs informations sera définitivement perdue.

Grâce à l’Internet des objets, les entreprises peuvent suivre chaque étape de la chaîne de valeur. Mais celle-ci ne fonctionne complètement que sous la puissance de l’IoT, qui diminue si les données ou tâches de traitement associées sont retardées. En 2019, 507 zettaoctets de données avaient d’ores et déjà été créés par des équipements d’edge computing.

Afin de tirer les meilleurs enseignements de l’IoT, les organisations doivent donc investir dans cette technologie d’avenir. En effet, le cabinet d’analystes américain CB Insights révèle que les dispositifs d’edge computing devraient faire l’objet d’un investissement collectif exceptionnel de 6,7 milliards de dollars d’ici 2022. Ces équipements chargés du traitement de données s’avèrent clés pour en assurer la gestion, effectuer des analyses rapides, et donner aux processus de machine learning une longueur d’avance.

« L’edge » fait soit référence aux fonctionnalités intégrées à un dispositif embarqué, soit à un dispositif avec davantage de puissance de calcul, ou juste à une passerelle où se connectent une multitude d’appareils. Les charges de traitement peuvent alors y être affectées afin d’accélérer les processus.

Par exemple, les plateformes pétrolières disposent de réseaux IoT générant une mine d’information sur les paysages sous-marins, les gisements de pétrole brut sous la roche, et la capacité des équipements de forage utilisés pour les extraire. Le transfert de ces téraoctets de données des plateformes à la terre ferme prend beaucoup de temps. Dans l’industrie pétrolière, chaque minute vaut des millions de dollars, compte tenu du coût que représente la panne d’un équipement. Or, l’objectif des services informatiques est la réduction constante du temps moyen d’extraction de pétrole.

Ainsi, lorsque les informations sont collectées, traitées et utilisées localement, on économise et génère des millions de dollars dans le cadre des activités de forage. Ces économies s’appuient sur un système complet doté d’autonomie notamment en matière de calcul, situé à l’edge. Ce centre de données est constitué d’un ensemble d’équipements fournissant les ressources de mémoire, de stockage et de calcul nécessaires pour assurer les tâches de traitement en local.

Avec l’edge computing, les décisions sont prises plus rapidement, parce que le trajet des données est considérablement raccourci, et que ces téraoctets sont traités localement. Le temps moyen de forage peut ainsi être réduit grâce à un système IoT capable de penser globalement et d’agir localement !

Chaque environnement informatique doit donc être évalué avec attention avant que les Data Miners ne s’attellent à l’extraction des données. En effet, lorsque d’importantes quantités de données doivent être traitées, il convient de placer les équipements à leur proximité. Au-delà de l’architecture informatique, d’autres détails techniques sont également à prendre en compte comme la capacité brute des unités centrales, la mémoire, les supports de stockage de données et l’autonomie de la machine.

De son côté, la viabilité de l’edge dépend de nombreux facteurs, dont le protocole, la stabilité du réseau, ainsi que du fonctionnement de l’appareil même lorsque celui-ci est déconnecté. En effet, même si l’appareil intelligent situé à l’edge est connecté, il reste autonome. Pour cela, il doit disposer des bonnes ressources réseau et être placé à proximité des données.

Dans ce contexte, l’étape du DeviceOps s’avère essentielle. Elle consiste à installer des logiciels sur ou à proximité de l’appareil situé à l’edge, le surveiller constamment, et à planifier les mises à jour logicielles et matérielles. Enfin, le Device Life Cycle, soit le cycle de vie de ces appareils, est un élément supplémentaire dont il faut tenir compte en plus de leur fonction et de leurs effets sur les données. Les Data Miners doivent, dès lors, se poser les bonnes questions : ces appareils permettent-ils uniquement de collecter et de transférer des données, ou participent-ils à leur transformation ? Les analysent-ils, les diffusent-ils en continu, ou les soumettent-ils à certaines règles ?

En effet, les dispositifs situés à l’edge sont de plus en plus fonctionnels et intelligents. Ils restent principalement utilisés pour collecter et transférer des données. A l’avenir, ils exerceront une influence croissante sur les informations qu’ils reçoivent et sur les équipements auxquels ils sont associés. Les dirigeants exigeront d’eux qu’ils puissent collecter les informations et prendre les bonnes décisions. Ces dispositifs auront un rôle transformateur notamment pour la préparation des flux de données ou l’analyse algorithmique. En effectuant ces actions localement, il sera plus facile de prendre des décisions plus rapidement.

Grâce à la puissance de l’Internet des objets, les entreprises peuvent ainsi s’attendre à voir leur rendement croître considérablement en saisissant les opportunités liées à l’edge, et en anticipant tout problème informatique avant qu’il n’apparaisse.