Mesurer une liaison optique : une méthodologie pas toujours respectée

Par Thierry Besrest, Sales Data Center France de Rosenberger OSI

Alors que les data centers sont soumis à des exigences toujours croissantes en termes de performances et de disponibilité, l’impact financier et en termes d’image (temps d’accès au site internet…) d’une coupure ou d’une dégradation de liaisons optiques internes et externes est devenu de plus en plus critique, surtout lorsque l’on sait que plus de 60% des pannes constatées aujourd’hui dans les data centers provient de la couche physique, d’après un récent rapport Gartner.

Ce qui met en lumière l’importance stratégique de la certification des liaisons optiques lors de leur installation puis de leur exploitation, dont la qualité laisse parfois à désirer. En effet, les installateurs comme les opérateurs de data centers doivent souvent composer entre la nécessaire précision des mesures et la pression sur les coûts, sans cesse plus forte, avec pour conséquence des certifications quelquefois incomplètes, voire non conformes.

Il est vrai que la certification optique nécessite des outils de mesure onéreux et complexes à mettre en œuvre. Ils doivent donc obligatoirement être utilisés par des techniciens possédant une formation spécifique qui leur permette de déterminer, pour chaque cas de figure, l’outil et la mesure les plus pertinents.

La qualité d’une liaison optique peut être mesurée à l’aide de deux techniques : la photométrie et la réflectométrie. Chacune a ses qualités et ses défauts.

Un photomètre permettra de mesurer l’atténuation du signal avec une grande précision, ainsi que la longueur de la liaison pour certains appareils. Il sera donc adapté pour la certification d’une application sur les seuls critères de l’atténuation et de la longueur du câble. En revanche, s’il détecte une valeur anormale, il ne pourra déterminer où se situe le problème.

Un réflectomètre (ou OTDR – Optical Time Domain Reflectometer/ iOLM – Intellligent Optical Link Mapper) de son côté mesurera la performance de tous les composants d’une liaison et verra tous les événements qui s’y produisent (les bons comme les mauvais). Il pourra ainsi caractériser pour chacun d’eux leur localisation et leurs valeurs d’atténuation et de réflectance. En revanche, ses mesures d’atténuation seront moins précises qu’avec un photomètre.

On le voit, les deux techniques sont complémentaires et ont des domaines d’utilisation différents. D’ailleurs, les deux techniques sont distinguées, la photométrie étant considérée comme une certification Tier 1 et la réflectométrie comme une certification Tier 2.

Un photomètre est un outil rapide et précis pour mesurer l’atténuation et  de plus en plus la longueur, parfaitement adapté pour des liens courts, mais ne dépassant pas 1 km en multimode et 10 km en monomode. Mais s’il détecte un problème, il ne saura pas le localiser.

Un réflectomètre est capable, lui, de localiser et caractériser tous les événements, il est obligatoire pour la mesure de liens de grande longueur, mais il sera moins précis dans ses mesures d’atténuation. Il est surtout utilisé pour identifier et localiser l’origine du non ou du mauvais fonctionnement d’une liaison optique.

Pour déterminer le bon outil et la bonne mesure à prendre en compte pour chaque liaison, il est indispensable de s’assurer de disposer d’installeurs compétents, formés et certifiés à la fois en photométrie et en réflectométrie.

Cependant, avant de commencer toute campagne de mesures, plusieurs étapes préalables sont nécessaires et ne doivent surtout pas être oubliées : la configuration du matériel de certification (calibration du matériel, charge des appareils, jarretières de référence, bobines amorce en bon état, …).  Ce qui nécessite également, qu’avant d’exiger tel ou tel mode de certification, les opérateurs de data centers soient le plus précis possible sur les critères à respecter : méthodologie de mesure, valeurs maximales à respecter pour quelles applications – sachant que des mesures peuvent satisfaire la norme en vigueur mais être insuffisantes pour l’application concernée, voir le matériel de test à utiliser et sa version logicielle, ou encore le niveau de compétence des techniciens.

Alors seulement, la qualité et donc la précision des certifications optiques ne pourront plus laisser de place au doute.