Microsoft accusée de corruption en Afrique et au Moyen-Orient

Microsoft est accusée par l’un de ses anciens directeurs d’avoir fermé les yeux sur le versement de pots-de-vin impliquant ses cadres et vendeurs pour remporter des contrats commerciaux au Moyen-Orient et en Afrique.

L’accusation est sérieuse et relève d’une pratique simple mais qui semble généralisée : le décideur d’un client, souvent un fonctionnaire du gouvernement, demande par mail une remise à Microsoft qui l’accorde à son partenaire sur l’affaire. L’organisation cliente est facturé à taux plein, le différentiel avec le prix remisé est partagé entre les protagonistes selon un accord entre le cadre de Microsoft, le partenaire et le décideur ou fonctionnaire.

La pratique est dénoncée par un cadre de Microsoft ayant travaillé durant 20 ans chez l’éditeur, et licencié en 2018 après l’avoir dénoncée à sa hiérarchie. Il accuse en particulier les équipes juridiques et RH de Microsoft d’avoir fermé les yeux. Pratique qui pourrait bien également être connue de PricewaterhouseCoopers, qui, aurait mené des audits de plusieurs partenaires de Microsoft.

Plusieurs choses surprennent : l’accusé bien évidemment, Microsoft ; le silence autour de cette affaire qui laisse planer le doute quant à une possible « culture de corruption » ; mais aussi l’ampleur de la corruption, avec « un minimum de 200 millions de dollars chaque année » qui iraient aux employés de Microsoft, aux partenaires et aux fonctionnaires. 60 à 70% des vendeurs et managers de l’éditeur au Moyen-Orient, en Afrique et dans certaines parties de l’Europe recevraient ces paiements !

Rappelons qu’en 2019, Microsoft a payé 8,7 millions de dollars de sanctions pénales pour résoudre les accusations de corruption liées aux pratiques commerciales en Hongrie. 24 millions de dollars ont également été versés la même année à la SEC, le gendarme économique américain, pour régler les accusations de viol de la loi sur les pratiques de corruption à l’étranger (FCPA pour Foreign Corrupt Practices Act) par l’intermédiaire de filiales en Hongrie, en Thaïlande, en Arabie saoudite et en Turquie.