Que peut cacher le « recadrage » des datacenters de Meta ?

Meta a annoncé l’arrêt de la construction de deux datacenters sur son campus de Odense, au Danemark, au motif d’un recadrage visant à revoir la conception de ses datacenters et de les optimiser pour l’IA (Intelligence Artificielle). Quelle pourrait-être l’impact de cette stratégie ?

Une analyse prudente de Yves Grandmontagne, Rédacteur en chef de DCmag

La prudence s’impose dans notre analyse : l’annonce vient d’être faite alors que Meta a perdu beaucoup de sa valeur en bourse à la suite de la révélation de son projet d’augmenter ses infrastructures afin d’accompagner le développement du Metaverse cher à son CEO Mark Zuckerberg.

  • Meta exploite 18 campus de datacenters dans le monde, et chaque campus repose sur un à 5 datacenters. L’ensemble représente environ 4 millions de m² d’espaces immobiliers pour un investissement de près de 16 milliards de dollars.
  • L’arrêt de la construction en cours de deux datacenters au Danemark est donc soit un message donné aux investisseurs, qui vont se réjouir du ralentissement du calendrier de construction de Meta ; soit le prémisse d’une véritable révolution liée à l’IA dans le metaverse, qui nécessite dès aujourd’hui de revoir les infrastructures pour accueillir de nouveaux outils numériques, en particulier HPC (calcul) et refroidissement (liquid cooling et immersion).

Revoir les concepts de l’OCP

Facebook est à l’origine et l’un des principaux contributeurs à l’OCP (lire nos articles), le développement d’infrastructures ouvertes qui a abouti au concept de l’hyperscale, avec une uniformisation des infrastructures IT dans les datacenters des GAFAM. Sans doue est-il temps de marquer une pause afin de ré-imaginer les infrastructures de demain, principalement tournées vers l’IA.

Les serveurs qui portent l’IA embarquent tellement de puissance, et de consommation énergétique qui l’accompagne, qu’ils vont demander une nouvelle architecture avec un refroidissement direct au contact des processeurs, CPU (processeurs serveurs), GPU (processeurs graphiques) et DPU (co-processeurs dédiés et optimisés pour des tâches spécifiques), ou encore l’immersion dans des bains d’huile.

Chez Meta, les serveurs en racks reposent sur une dalle de béton, et le refroidissement s’exerce par air propulsé sur les racks en allées froides. C’est très certainement cette architecture du refroidissement qu’il faut revoir. Mais est-ce bien cela qui motive Meta ? Le géant n’a encore rien indiqué quant au recadrage de ses datacenters… mais il faudra bien revoir la conception des datacenters hyperscale.