Une analyse de Yves Grandmontagne, rédacteur de chef de Datacenter Magazine
Les dernières prévisions d’IHS Markit montrent que la pénurie de composants, qui frappe durement tous les secteurs de l’industrie, devrait se poursuivre jusqu’au troisième trimestre 2021. Mais la réalité devrait se montrer moins réactive, et la pénurie se prolonger sur les produits livrés jusqu’en 2022.
Lorsque la pandémie a frappé les commandes chez les fondeurs, les fabricants de semi-conducteurs, la production a chuté d’environ 30%. La pénurie s’est installée, alors que l’industrie préparait son retour ou s’adaptait en franchissant plus rapidement que prévu une étape technologique. La demande est repartie très rapidement, mais les fabricants n’étaient pas prêts.
Aujourd’hui, le taiwanais TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company) a annoncé une augmentation de 30% de sa production. Mais cette hausse ne permet que de compenser les pertes enregistrées durant la pandémie, pas de répondre au rebond de la demande. Pour cela il faut globalement augmenter la production de semi-conducteurs non pas de 30% mais de 60%.
Les programmes de développements de nouvelles capacités de production, de plus de 50 milliards de dollars engagés par l’administration américaine à 100 milliards sur trois ans annoncés par TSMC, ne seront pas opérationnels avant au mieux la fin 2022.
Autre phénomène, le temps mécanique de distribution des composants. Entre le moment où un composant quitte l’usine du fondeur et celui où il équipe le produit fini, il peut se passer plusieurs mois pour franchir les différentes couches logistiques et de distribution. Dans l’automobile, par exemple, ce délai est d’environ 6 mois.
C’est pourquoi mécaniquement, si la production de composant retrouve avant la fin de l’année son niveau de 2018, celui d’avant la pénurie, cette dernière devrait se prolonger au mieux jusqu’au deuxième trimestre 2022.