Un nouvel incendie – sans commune mesure avec celui qui a détruit pour partie le datacenter il y a une semaine – s’est déclaré dans le datacenter SBG-1 d’OVHcloud à Strasbourg, un peu avant 19:00 ce vendredi 19 mars.
Le sinistre s’est déclaré dans un conteneur dans lequel 300 batteries de 25 kg sont stockées. Alertées par le dégagement de fumée, les équipes d’OVHcloud ont fait appel aux pompiers, qui ont éteint le début d’incendie avec une lance à mousse, avant de procéder à la ventilation du caisson et à une reconnaissance dans les caissons voisins. Deux employés ont été légèrement incommodés par les fumées.
A 19 heures 11 , Octave Klaba a reconnu les faits, publiés sur son compte Twitter.
Un peu plus tard, il publie plus d’information, en français :
« Ce soir à 18:50, nos équipes sur place ont identifié une fumée dans un local batteries non raccordées et non connectées de SBG1.
Les pompiers ont été immédiatement contactés. Au regard de la situation, la direction d’OVHcloud a pris la décision d’appliquer le principe de précaution : l’alimentation électrique de SBG1 et SBG4 a immédiatement été coupée. Les opérations sur site ont été temporairement interrompues, tout le personnel OVHcloud et l’ensemble des équipes partenaires ont été priés de rejoindre leur domicile, seul le personnel de sécurité, de sécurité incendie et de maintenance est resté sur place.
Une fois sur place, les pompiers ont identifié la source dans le local batteries, et l’incident a été circonscrit en quelques minutes. Aucun blessé n’est à déplorer parmi les équipes d’OVHcloud ou de ses partenaires. Par précaution, deux personnes de la sécurité ayant été incommodées par les fumées ont été examinées par des professionnels de santé.
La situation est sous contrôle et nous adaptons le planning des opérations pour la journée à venir.«
Accumulation de malchance ou…
Même si le danger était limité et contrôlé, même s’il est intervenu dans un local théoriquement non critique, même si la presse éco et généraliste, à l’image des Echos et de France Bleue, tempère en titrant « un nouveau dégagement de fumée« , il s’agit bien d’un deuxième d’incendie dans un datacenter qui a brûlé spectaculairement (lire et voire « Incendie d’OVHcloud en images – La faute à la malchance…« ) il a une semaine, le datacenter de Strasbourg d’OVHcloud. Notre critique sur les dérives du modèle économique du cloud OVH (lire « Incendie d’OVH – La fin d’un modèle ?« ) et nos révélations sur les erreurs commises dans la conception et l’opération du datacenter (« Incendie – 6 erreurs d’OVHcloud« ) nous incitent à traiter cette information avec un œil critique.
Certes, il nous faut rappeler qu’un incendie industriel laisse des traces qui peuvent couver longtemps après son origine et son extinction théorique. Certes, la priorité d’OVHloud est de redonner vie à une partie de l’internet français qui s’est effacée, définitivement pour de nombreux sites, et donc de relancer les serveurs qui peuvent l’être sur place lorsque c’est possible, ou de les recréer dans d’autres datacenters du groupe si les serveurs ont été détruits mais que les sauvegardes restent accessibles.
Les équipes d’OVHcloud s’y attellent d’arrache pied, il faut leur reconnaître cette volonté de satisfaire leurs clients.
Les activités du datacenter de Strasbourg ont été interrompues pour la nuit à la suite de cette nouvelle alerte. Comme nous l’avons évoqué hier (lire « OVHcloud Strasbourg redémarre progressivement… et côté sauvegardes ?« ), le plan de reprise a pris de l’avance, OVHcloud reste donc dans les clous sur ce qu’il a avancé à ses clients.
Par contre, une chose vient heurter notre analyse : le nouvel incendie a pris « dans un local batteries non raccordées et non connectées« , affirme Octave Klaba. Or, le premier travail après un incendie et l’intervention des experts n’est-il pas de nettoyer avant éventuellement de reconstruire ? Bien sûr, on nous répondra que des batteries stockées dans un container ne présentaient pas de danger… nous en avons la preuve du contraire aujourd’hui ! Surtout que des photos nous ont montré l’état de dégradation de certaines batteries du datacenter dix ans après leur installation, à faire fuir les clients et enrager les experts…
OVHcloud a-t-il appris de ses erreurs ? Il faut espérer que l’opérateur de cloud, dans sa précipitation, ne néglige des risques comme ce container de batteries, ni ne recrée les mêmes conditions qui ont permis la propagation de l’incendie. Une nouvelle fois, où est l’analyse de risque ? Le danger est réel, pour le datacenter, pour les hommes, et plus largement pour une partie de l’internet français, ne minimisons pas cette nouvelle alerte…